Tant qu’on ne vit pas en terre étrangère, on ne peut pas comprendre les répercussions directes des décisions ou l’absence de décisions des dirigeants Haïtiens sur la vie de sa diaspora.
La diaspora haïtienne est partout et aujourd’hui nombreuse en République Dominicaine. Ce ne sont plus que les étudiants et la main d’œuvre pour faire fructifier les Bateys et les plantations agricoles. Ce ne sont définitivement plus que ces travailleurs bon marché qui multiplient les gratte-ciels ou constructions ordinaires qui vivent sur le territoire voisin et encore moins les femmes de ménage et Nounous qui occupent les enfants des grandes familles dominicaines. Aujourd’hui, bon nombre de familles des classes moyennes du pays ont fait de ce pays une option momentanée pour fuir les gangs armés et l’insécurité en Haïti.
La République dominicaine n’a pas été le choix privilégié ni le havre de paix des Haïtiens, le sentiment de rejet issu des références historiques mal appropriées par les deux peuples est bien présent. C’est plutôt un choix de raison fait par rapport à la proximité des deux pays et, il faut le dire, certains avantages du point de vue des structures d’accueil, des ouvertures en matière d’éducation et surtout la qualité de vie pour une catégorie sociale.
Les dirigeants en Haïti doivent se soucier à tout instant de leurs ressortissants dans ce pays qui digère mal la présence des Haïtiens.
La chancellerie haïtienne sous la baguette de Madame Dominique Dupuy doit faire la différence, non par les déclarations émotionnelles et à la limite populistes pour sublimer le nationalisme desséchant d’un grand nombre de patriotes et les abonnés de X (ex-twitter), mais doit traduire son leadership dans une diplomatie active et mesurée par des actions concrètes capables d’imposer un vrai respect des ressortissants haïtiens vivant en République dominicaine. La diplomatie a ses principes et il faut savoir trouver la bonne cadence dans le chassé-croisé de souplesse et de fermeté. La bonne tenue dans les positions et le protocole sont garants du respect en République Dominicaine. Qui veut son respect se le procure affirme le dicton.
La ministre Dupuy devrait, de prime abord, exiger que l’Ambassade d’Haïti reçoive mieux les citoyens qui viennent pour un service et les traite avec respect et empathie. Cette attente misérable, insalubre et désorganisée dans la rue où les citoyens, en bandes délaissées, s’accroupissent dès 6 : 00 AM avec l’espoir d’être reçus à 10 : 00 AM doit être repensée et présenter une meilleure image que celle offerte par les marchands de plats du jour, pâtés, canne à sucre et eau de coco. Un tableau qui rappelle, comme marque de fabrique, ce carnaval devant la Direction de l’Immigration à Lalue devenue depuis peu l’aire des stations de provinces et une décharge nauséabonde compostée par les pelures de toute sorte.
Ce tohu-bohu ne sied nullement dans le décor de cette zone semi résidentielle où se situe l’ambassade à Santo Domingo. A noter que même des Dominicains se plaignent de cet accueil que l’ambassade réserve aux haïtiens. L’ambassade d’Haïti est l’unique à offrir ce spectacle à République Dominicaine, dit-on.
La Ministre devrait s’enquérir des problèmes des étudiants haïtiens qui ne peuvent être gradués ni s’inscrire dans une université ou même une école technique parce que le suivi pour la légalisation des pièces ne se fait pas de manière célère quand bien même les frais de l’urgence ou de l’extrême urgence sont payés. Entre 6 mois à plus d’un an pour obtenir un document ou un passeport et là encore, il faut faire jouer ses relations.
La ministre, pour apporter des solutions, devra aussi exiger de l’ambassade un recensement des différents haïtiens vivant en République dominicaine. Les chiffres pour les écoliers, les étudiants, pour les professionnels, pour les entrepreneurs, pour la main d’œuvre et j’en passe… Que sait la chancellerie haïtienne de ses ressortissants en République Dominicaine ?
L’ambassade aurait pu mettre en place un service qui fonctionne avec la capacité d’accompagner les ressortissants victimes de toutes formes d’abus ou discriminations. Les Dominicains ont leur réputation et ne se font pas confiance entre eux non plus. Le vol, la violence et le féminicide sont très élevés dans cette société.
Quelles sont les initiatives et les démarches de la ministre pour freiner l’humiliation de la migration et des déportations ? Comment a été adressé le rançonnage permanent par certains agents dominicains à l’égard des haïtiens qui circulent tant dans leur véhicule privé que dans un transport en commun ou même à pied dans des zones comme “Las Americas” ou sur la “Duarte” pour ne citer que ces deux.
De plus, l’ambassade aurait pu mettre une direction d’affaires spécifiques aux investissements capables d’orienter les Haïtiens qui veulent investir en République Dominicaine et vice versa et éviter ainsi de les laisser piéger par des farceurs dominicains.
Les linges sales doivent se laver en famille. Faire savoir sur tous les médias que l’ensemble des diplomates ont été rappelés pour corruption et incompétence. jette le discrédit sur la mission, l’ensemble des employés et même les ressortissants surtout en ce qui concerne les Dominicains toujours prêts à rabaisser nos compatriotes.
A chaque fois qu’un scandale éclate en Haïti ou des échanges diplomatiques mal gérés ont eu lieu, être Haïtien en République Dominicaine devient un calvaire.
Madame Dominique Dupuy mesure t’elle le poids de l’histoire entre ces deux pays ? Croit-elle que la nouvelle chargée d’affaires qui n’a pas encore sa lettre de créance du pays connaît la sociologie de ce peuple? Mademoiselle Christine Lamothe a t-elle le bagage diplomatique adéquat et l’expérience nécessaire pour initier le dialogue avec l’expérimenté chancelier dominicain Roberto Alvarez et aplanir les difficultés causées par la mauvaise foi, l’orgueil et un leadership mal assuré de part et d’autres.
Il faut bien s’ancrer dans la réalité et ne plus se laisser aller dans des discours à charges purement émotionnelles tout en se voilant la face. Il faut prendre à bras le corps le problème des Haïtiens vivant en République Dominicaine et en faire un traitement d’État afin d’assurer un meilleur comportement des autorités dominicaines vis-à-vis des Haïtiens et vice-versa.
Usons du temps pour faire les choses de la bonne manière et en adultes responsables.
La rédaction