Cela fait déjà deux semaines depuis que j’ai initié le sujet sur le patriotisme. A mon grand étonnement, pas mal de lecteurs ont régi là-dessus, les commentaires étaient aussi variés qu’intéressants. Mon fils m’a fait part également de ses réserves quant au patriotisme, c’est là que j’ai compris la profondeur de la question, me poussant ainsi à poursuivre avec le sujet, à travers d’autres angles cette fois-ci.
Définitivement, si j’avais des doutes, je comprends aujourd’hui que l’haïtien n’éprouve aucun sentiment d’appartenance à la patrie commune, c’est comme si le pays était responsable de tous nos déboires et que tous les citoyens en étaient des victimes. La réalité est que nous oublions souvent de nous questionner, de nous juger, de nous positionner par rapport à tout cela.
Toutefois, arrivé aux Etats-Unis, la terre d’accueil par excellence, il n’y aura jamais plus américain qu’un haïtien naturalisé. Même quand le processus de naturalisation n’est qu’à son commencement, l’haïtien se trouve américain, tout comme dans l’âme et dans le cœur, chantant l’hymne national des Etats-Unis avec tellement de fierté, arborant la main droite sur la poitrine comme si demain n’existait pas. Je comprends volontiers tous les sentiments qui viennent avec l’américanisation, néanmoins, je pense qu’il s’avère nécessaire pour les parents de bien saisir tout cela afin de mieux aider les enfants dans cet aspect particulier de la vie. Ceux qui ne sont pas encore parents, mes jeunes lecteurs en l’occurrence, auront, bien entendu, tout intérêt à apprendre et à débattre de la question pour des prises de position plus solides.
Qu’on le veuille ou non, un haïtien qui s’établit en terre étrangère et en prend la nationalité restera toujours haïtien. Il est important de le comprendre, car nul ne peut effacer sa nationalité d’origine pour ne se présenter qu’à travers celle acquise. On peut en prendre une autre, d’où le concept de la double nationalité, ou même la pluri nationalité. La nationalité d’origine ne changera, en revanche, jamais. De la naissance à la mort, on est qui on naît. On a donc intérêt à affectionner sa terre natale et du coup, cultiver le patriotisme, contribuer à son développement, aider à lui faire une bonne presse, car on ne pourra pas s’en défaire.
La double nationalité est un privilège, ce n’est pas un droit. En cas d’immigration, la terre d’accueil ne doit rien à l’immigrant en termes de nationalité. Certaines procédures, très onéreuses, peuvent être mises en place pour accéder à la double nationalité, rien n’est garantit cependant. Et même lorsque le processus aura abouti, le nouveau passeport, document de voyage international incontournable, présentera la terre natale comme lieu de naissance. A titre d’exemple, un haïtien naturalisé américain ne pourra jamais détenir un acte de naissance américain, il obtiendra un certificat de naturalisation ; Haïti sera inscrit sur son passeport américain en guise de lieu de naissance. Cette démarcation est pour souligner la différence entre un américain d’origine et un américain naturalisé, en plus de certains droits civils et politiques qui ne seront pas pareils.
Sans vouloir imposer un cours de droit international privé, je veux croire que cette rubrique aura su réveiller le patriotisme chez plus d’un, pour nous aider à mieux comprendre nos positions, nos avantages, surtout nos responsabilités face à la patrie commune. Et pour paraphraser Emeline Michel, on peut retirer un haïtien en Haïti ; on ne peut cependant retirer Haïti d’un haïtien.
A sortir prochainement : L’amour et l’amitié
Si vous aimez la rubrique, partagez-là. Le cas échéant, partagez-la quand même. Il se peut que quelqu’un y trouve matière à réflexion.
Au plaisir de servir…
Patrick G. Volcy