Le gouvernement haïtien, en partenariat avec l’UNICEF, a organisé ce jeudi un atelier à l’hôtel Karibe pour l’élaboration du programme Prévention et Réhabilitation des Enfants et des Jeunes (PREJeunes). Cette initiative vise à créer un cadre propice à l’épanouissement des jeunes, en leur offrant des perspectives loin de la violence et de la précarité.
Si le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et son équipe réaffirment leur engagement en faveur de la jeunesse, en mettant en avant la prévention et la réhabilitation comme des piliers de leur politique sociale, les récents événements viennent cruellement rappeler l’écart entre les intentions affichées et la réalité du pays.
Un engagement nécessaire mais suffisant ?
L’atelier a réuni plusieurs acteurs du gouvernement et des partenaires internationaux. François Kampundu, représentant adjoint de l’UNICEF en Haïti, a souligné l’importance de reconstruire le tissu social et a salué l’engagement des organisations de la société civile. Herwil Gaspard, ministre délégué à la Solidarité et aux Affaires Humanitaires, a quant à lui insisté sur le fait que la protection de l’enfance est une priorité nationale.
Des annonces fortes, certes, mais dans un contexte où la violence des gangs continue de faucher des vies innocentes, les paroles suffisent-elles encore ?
Une réalité tragique
Mardi dernier, deux drames illustrent l’urgence de la situation. Lebelt Macénat, un jeune étudiant, a été tué d’une balle perdue dans une salle de cours au Centre d’Études Diplomatiques et Internationales (CEDI). Le même jour, un écolier a été légèrement blessé dans la cour de l’Institution Saint-Louis de Gonzague à Delmas 31. Deux établissements scolaires touchés en plein cœur, deux jeunes victimes de l’insécurité généralisée.
Ces incidents montrent une chose : les écoles, censées être des sanctuaires d’apprentissage et d’épanouissement, sont désormais des zones à risque. Comment garantir un avenir à la jeunesse quand même les bancs de l’école ne les protègent plus des balles perdues ?
Un programme qui doit être suivi d’actions concrètes
Le programme PREJeunes peut être une avancée si, et seulement si, il s’accompagne de mesures fermes et immédiates pour sécuriser les écoles et les quartiers les plus vulnérables. Il ne suffit pas de parler de prévention et de réhabilitation : sans une lutte efficace contre les gangs et sans une réforme en profondeur du système de sécurité, ce programme risque de n’être qu’un énième projet sans impact réel.
L’urgence n’est plus aux discours, mais aux actes. Restaurer la sécurité est la condition sine qua non pour que toute politique sociale en faveur de la jeunesse puisse porter ses fruits. Sans cela, les promesses du gouvernement resteront des vœux pieux face à une réalité qui, elle, continue de tuer.
La rédaction