Le marché d’Elías Piña, véritable cœur économique de la province, est en pleine tourmente. Situé au centre de Comendador, ce marché historique joue un rôle clé dans le commerce binational entre la République Dominicaine et Haïti. Cependant, un projet gouvernemental visant à formaliser ce commerce dans une zone appelée El Carrizal suscite la controverse. Le gouvernement dominicain souhaite moderniser le marché en construisant une structure aux normes similaires à celles des autres marchés binationaux du pays.
Des préoccupations légitimes face à une relocalisation incertaine
Les commerçants pointent plusieurs problèmes liés au nouvel emplacement : une distance jugée trop importante, un sol en terre battue qui complique l’installation des étals, et une proximité avec la frontière haïtienne perçue comme risquée. Mami, vendeuse de fromage bien connue dans la région, est catégorique : « Je ne bouge pas d’ici, et si ce marché se fait là-bas, nous n’irons pas. » a t’elle déclaré à Diario Libre.
Même du côté des clients, l’idée ne passe pas. Raquel Rosado souligne que si le marché est déplacé, elle préférera faire ses courses au supermarché plutôt que de se rendre à El Carrizal. Cette réaction montre l’importance du marché actuel dans le quotidien des habitants de Comendador.
Un projet soutenu par les autorités dominicaines, mais des avancées limitées
Le président Luis Abinader a récemment visité le chantier du marché binational accompagné de plusieurs responsables locaux, dont la gouverneure provinciale Migdalia De Los Santos et le sénateur Johnson Encarnación Díaz.
Selon les informations disponibles, le marché actuel de Comendador conserverait son statut municipal, tandis que le nouveau site à El Carrizal deviendrait binational, visant à organiser de manière plus formelle le commerce avec Haïti.
Le silence des autorités haïtiennes sur le projet
Alors que le gouvernement dominicain s’active à structurer ce marché binational, le silence des autorités haïtiennes sur le projet est frappant. Aucune déclaration officielle n’a été faite concernant leur position sur cette nouvelle infrastructure, pourtant censée renforcer les échanges commerciaux entre les deux nations. Cette absence de communication suscite des questions sur la viabilité du projet à long terme et sur l’impact qu’il pourrait avoir sur les commerçants haïtiens habitués à fréquenter le marché d’Elías Piña.
Ce silence contraste fortement avec les actions entreprises du côté dominicain, laissant planer une incertitude sur la coopération bilatérale nécessaire pour garantir le succès de ce marché transfrontalier.
Le silence des autorités haïtiennes ajoute une dimension géopolitique à cette situation déjà complexe. Le projet à El Carrizal deviendra-t-il un symbole de modernisation réussie ou un échec de la coopération transfrontalière ? L’avenir de ce marché binational demeure incertain.
La rédaction