Port-au-Prince, le 25 février 2025 – Une pétition lancée par l’animateur Rudy Thomas Sanon, de la plateforme Team Rudy Officiel, exige l’ouverture d’une enquête sur la gestion de Gamal Augustin à la tête de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH). La pétition, mise en ligne le 17 février 2025, a déjà recueilli 6 637 signatures et a été officiellement soumise à l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).
Des années de gestion controversée
Gamall Augustin a dirigé la TNH à plusieurs reprises, notamment de 2012 à 2014 et de 2015 jusqu’au 12 février 2024. Son passage à la tête de la chaîne d’État a été marqué par de nombreuses accusations de mauvaise gestion et de corruption.
En août 2018, le Syndicat des employés des médias d’État (SEME) a dénoncé des actes présumés de malversations et de détournements de fonds au sein de la TNH sous son administration. Parmi les révélations marquantes figurait la nomination frauduleuse d’un directeur de production recherché par la justice américaine.
Plus récemment, en juin 2024, le Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS) a rapporté que, sous la direction d’Augustin, la TNH faisait face à une grave crise de ressources. L’institution ne disposait que d’un seul véhicule fonctionnel et de seulement deux caméras pour la salle des nouvelles, illustrant une gestion chaotique et un dysfonctionnement général. Cependant, parallèlement, Monsieur Augustin avait lancé sa propre station dénommée Radio télé Banbòch. Des employés de la TNH, sous couvert d’anonymat, nous ont confié que des matériels de l’Etat ont été transférés à Radio télé banbòch.
Utilisation illégale des ressources de la TNH
Selon plusieurs sources, Gamall Augustin aurait utilisé le site de la TNH pour héberger illégalement des stations privées, notamment Télé Monopole, propriété de l’ancienne maire de l’Arcahaie, Rosemila Petit-Frère, qui était devenue une personnalité très influente dans le gouvernement d’Ariel Henry.
Cette situation a d’ailleurs été dénoncée par les propriétaires de Télémax, qui accusent Télé Monopole d’avoir bénéficié de privilèges illégitimes grâce à la TNH et à la complicité du Conseil National de Télécommunications (Conatel) qui aurait succombé aux pressions déloyales de Rosemila Petit-frere.
Allégations graves : Liens avec des gangs armés
Des allégations provenant toujours de journalistes de la TNH, qui ont souhaité garder l’anonymat, laissent entendre que Gamall Augustin aurait entretenu des liens avec des gangs armés. Selon ces sources, il aurait délégué certains journalistes pour réaliser des interviews privées avec des chefs de gangs et couvrir certaines conférences de presse organisées par ces groupes criminels.
Départs d’employés et salaires détournés
Face aux nombreuses irrégularités dénoncées, plusieurs employés de la TNH ont préféré quitter l’institution, dénonçant des pratiques abusives sous la direction de Gamall Augustin. Cependant, selon leurs témoignages, leurs chèques émis malgré leur démission étaient perçus par d’autres personnes à leur insu.
Appels à une enquête approfondie
En février 2025, la nomination de Gamall Augustin au sein de la commission de restructuration de la TNH a provoqué un tollé. Le SEME a dénoncé un système opaque qui aurait plongé la TNH dans une crise financière et structurelle. Parmi les accusations figurent des détournements de matériel, des contrats douteux et une détérioration des conditions de travail des employés.
Face à ces allégations, Rudy Thomas Sanon et les signataires de la pétition demandent à l’ULCC de mener une enquête approfondie sur Gamall Augustin. L’objectif est de faire la lumière sur la gestion de l’institution et, si nécessaire, d’engager des poursuites judiciaires.
Augustin rejette les accusations
De son côté, Gamall Augustin nie en bloc ces accusations, affirmant qu’elles émanent de membres du syndicat « frustrés ». Il réfute toute implication dans des actes de corruption et maintient que sa gestion a toujours été conforme aux règles administratives.
L’ULCC, désormais saisie de l’affaire, devra se prononcer dans le cadre de cette enquête. En attendant, la TNH reste au cœur d’un débat sur la gestion des ressources publiques et la transparence administrative dans les institutions étatiques haïtiennes trop souvent ravagées par la corruption.
La rédaction