On n’a pas vu depuis longtemps le système judiciaire aussi motivé pour un nettoyage de l’Administration publique, de l’Etat et du système de la justice lui-même.
Après les grandes sorties en 2021 de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) ayant ciblé des hommes d’affaires, des professionnels et des institutions publiques; à partir de 2023 ce sont des agents de la fonction publique et des anciens parlementaires qui sont les cibles de l’organisme. Comme en record Guinness, plus d’une vingtaine de rapports d’enquête ont été transmis à la Justice Haïtienne rien qu’en un an.
Une justice qui tarde pour Jovenel Moïse, qui tarde pour la détention préventive prolongée, qui tarde pour la violence faite aux femmes et aux fillettes, qui tarde pour la population endeuillée et appauvrie par les gangs armés, qui tarde aussi pour des dossiers d’intouchables, DERMALOG par exemple, mais une justice qui s’investît, comme jamais, à donner suites célères uniquement aux rapports de l’ULCC, paraît-il.
Les conclusions des rapports de l’ULCC ou les rapports eux-mêmes sont dans la majorité des cas contestés par les personnes visées à cause de la méthodologie utilisée par le directeur général actuel, avocat dont le cabinet est devenu florissant. Des rapports ayant davantage une saveur politique que technique, dit-on.
Après la mésentente entre le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) et le Ministère de la Justice sur la certification des juges, ceux qui restent doivent se prouver et s’engager dans ce qu’on peut appeler les grands dossiers, ceux à sensation devant signaler certains juges vedettes.
Les grands dossiers, les “grands morceaux” du pouvoir actuel et passé qui auraient pu être considérés comme inattaquables sont aujourd’hui devant les tribunaux à répondre des rapports, des plaintes de tiers ou de suspicion de corruption.
Un grand pas en apparence pour la justice haïtienne même si le citoyen lambda tarde à trouver un juge pour statuer sur son cas.
De plus, certains juges voulant aussi se faire remarquer dans l’actualité outrepassent les limites de leur attribution et se précipitent pour être à la mode c’est-à-dire dans l’actualité internationale.
Les mots à sensation aujourd’hui sont Corruption et Sanctions. Dans cette grande vague de sanctions de pays ayant eux-mêmes choisi des dirigeants haïtiens soit directement ou indirectement à travers les élections, rien ou personne n’échappe à l’excès de zèle ou à la folie d’être du bon côté.
Aujourd’hui on se demande si réellement le système judiciaire est en train de se réveiller positivement. Ou s’il s’agit d’une chasse à l’homme d’un nouveau genre ou tout simplement de la diversion.
De la diversion car on n’entend pas parler des suivis des arrestations des gangs armés arrêtés régulièrement par la Police Nationale d’Haïti.
De la Diversion
Quand le silence plane sur les véritables importateurs d’armes à feu qui sèment la terreur dans la population.
Quand le mouvement Bwa Kale, malgré son efficacité, n’a pas été encadré comme il se devait par le gouvernement de l’ex-Premier ministre Ariel Henry pour enrayer cette descente aux enfers et apaiser les inquiétudes des citoyens.
Quand la justice haïtienne demeure muette et que le leadership actuel n’est qu’un vain mot.
Les pouvoirs de l’ULCC
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les véritables limites de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Sous la direction de Hans Joseph, dont le cabinet d’avocats défend Martine Moïse, inculpée dans l’affaire de l’assassinat de Jovenel Moïse, l’ULCC semble davantage orientée vers l’humiliation de certains anciens serviteurs de l’État plutôt que vers l’application stricte de la loi.
Le ministère des Finances, tutelle de l’ULCC, observe un silence complice tandis que l’institution prend des allures d’un État dans l’État. Et ce, malgré les nombreuses dénonciations visant son directeur général. Hans Joseph semble avoir une parfaite compréhension des rouages nationaux et internationaux en matière de corruption et de protection de son poste.
Justice en action ou simple chasse à l’homme ? La population est délibérément plongée dans une confusion totale. Qui vivra verra !
À bon entendeur, salut !
La Rédaction
NB. le texte originel a été modifié