Fermathe, 20 avril 2025 – Alors que l’insécurité s’intensifie dans les hauteurs de Port-au-Prince, la Mission Baptiste d’Haïti (Baptist Haiti Mission) a adressé ce matin une lettre ouverte aux plus hautes autorités du pays pour demander des renforts de sécurité urgents dans la zone de Fermathe. L’appel intervient dans un contexte de violence extrême, marqué quelques heures plus tôt par une embuscade meurtrière contre des soldats de la FADH sur la route de Kenscoff.
Dans sa lettre, le président de la mission, Dr Daniel Jean-Louis, alerte sur la menace imminente que représentent les groupes armés pour leur hôpital, l’un des derniers encore fonctionnels dans la région métropolitaine. « Leur progression constante met en danger non seulement la vie de notre personnel et de nos patients, mais aussi l’accès à des soins vitaux pour des milliers de citoyens », écrit-il.
Mais la situation sanitaire n’est que la partie visible de l’iceberg. Le campus de la Mission Baptiste abrite également un siège administratif qui supervise l’éducation de plus de 32 000 enfants à travers le pays.
Quelques heures après cette mise en garde, la réalité a brutalement rattrapé les mots : plusieurs soldats des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) ont été tués ce matin à Kenscoff, pris dans une embuscade tendue par des membres du gang “Viv Ansanm”. Ils se rendaient justement en renfort à bord d’un pick-up non blindé, malgré les risques bien connus dans la zone. Des blessés sont également signalés, certains dans un état critique.
Des habitants rapportent avoir entendu des frappes de drones après l’attaque, mais aucune source officielle n’a confirmé si des cibles ont été atteintes. L’épisode tragique souligne l’impréparation du commandement militaire et du haut commandement de la PNH face à une guérilla urbaine de plus en plus sophistiquée.
Depuis janvier, le nombre de morts parmi les forces de l’ordre, tant au sein de la FAD’H que de la PNH, ne cesse d’augmenter. À Fermathe comme à Kenscoff, l’État semble perdre du terrain dans des zones autrefois perçues comme relativement protégées.
Le cri d’alarme lancé par la Mission Baptiste prend ainsi une résonance dramatique. Ce n’est plus une simple demande de sécurité, mais un appel à sauver ce qu’il reste d’institutions fonctionnelles, de structures de soins, et d’espaces d’espoir dans un pays en pleine tourmente.
« Nous restons disponibles pour toute forme de coordination », conclut Dr Jean-Louis. Encore faut-il qu’il reste quelqu’un à coordonner.
La rédaction