Voilà ce que j’appelle une rédaction difficile. Ce sujet – tout à la fois sensible et percutant – peut être envisagé à travers des angles si variés que je ne sais plus par quoi commencer. Allons dire que l’infidélité constitue l’une des causes majeures pour divorcer.
A un certain niveau, c’est vrai. Les conjoints victimes d’infidélité sont généralement enclins à demander le divorce. Toujours est-il que chez nous, cependant, l’infidélité semble la règle. Les hommes sont infidèles pour toutes les raisons du monde. Les femmes le deviennent encore plus. C’est comme un conflit froid, un match de football pour déterminer qui peut encaisser plus de buts. Et c’est la pagaille ! Au lieu de chercher à corriger les vices et les tares, nous nous écartons carrément du droit chemin, et nos incartades s’imposent en tant que règle. C’est très mauvais tout cela, surtout pour les enfants.
La question qu’il conviendrait de se poser à présent, c’est pourquoi sommes-nous devenus infidèles, qu’est ce qui nous conduit à l’infidélité. Cela peut être lié à l’atavisme, une séquelle de notre passé colonial, doublé de notre descendance africaine. Possible. Cela peut être aussi une question d’éducation. En réalité, la société haïtienne ne condamne pas l’infidélité chez les hommes.
Ce comportement s’apparente surtout au machisme, l’homme est macho, tout comme Goldenberg – les femmes m’assaillent, et c’est permis. L’homme haïtien, bien entendu dans une certaine proportion, ne reconnaitra pas ses torts, car il n’a pas été éduqué comme tel. Le coureur de jupe est une qualité recherchée, même par les femmes qui en sont des victimes.
Plus l’homme est débauché, plus il est sollicité ; les dames arrivent même à s’entendre pour se le partager. Les parents n’apprennent pas aux garçons la vertu de la fidélité, encore, bien entendu, dans une certaine mesure. Le petit adolescent aura plusieurs petites amies et les parents en seront complices, c’est avant tout une question de genre. Les filles, en revanche, doivent rester pieuses, autrement ce serait la honte familiale.
C’est ainsi que les enfants grandissent avec des idées préconçues, différentes par rapport au même concept de la fidélité. Je crois que c’est un sujet que les parents devraient aborder avec les enfants très tôt. Comme j’aime à le dire, ce n’est pas parce que l’on prenne plaisir à quelque chose que l’on doive en vanter les mérites ; ou pire, le normaliser. Si l’infidélité est une cause de divorce, comme de fait, c’en est une bonne, autant apprendre aux enfants la vertu de la fidélité, dès le plus jeune âge, avant même d’en faire l’expérience dans le mariage, ce qui peut s’avérer très couteux. On parle de mariage, même à ce niveau-là, l’infidélité est vue différemment selon qu’il s’agisse de l’homme ou de la femme sur le plan juridique. C’est là un autre débat. Mais tout cela doit être au centre de nos conversations de famille, afin d’apporter un correctif à toutes ces iniquités.
D’un autre côté, il faudra convenir que toute cette dynamique change, une fois migrés en terre étrangère. Aux États-Unis, par exemple, l’infidélité est réprouvée. Lorsqu’un amant est surpris à tricher dans une relation, to cheat, la société le condamne et les conséquences seront les mêmes, selon qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Du coup, nous avons tendance à voir les choses différemment lorsque nous sommes à l’extérieur ; puisque le milieu est différent, ainsi seront nos comportements.
Il y aurait beaucoup plus à dire sur l’infidélité, le sujet demeure tellement controversé. Je reste convaincu que les parents s’engageront à en parler aux enfants, serait-ce que pour qu’ils comprennent que la fidélité est une vertu, l’infidélité ne peut être la règle.
A sortir prochainement : La prostitution
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Patrick G. Volcy