Qu’est devenu le nègre, que sont devenus ses rêves de liberté et de dignité ? Pratique t-il toujours le marronnage ? Périt-il encore aux larges des côtes sur des voiliers de fortune, contre sa volonté ? Aujourd’hui plus que jamais, aux heures de la mondialisation, quelle est sa place par rapport aux vieux démons qui ont le don d’ubiquité et qui font montre d’une sournoiserie pouvant tromper Lucifer lui-même ?
En effet, au fil des siècles, le monde a beaucoup évolué, mais l’humanité a-t-elle véritablement changé ? Peut-on prétendre avoir créé une société juste et équitable pour tous ?
En ce jour du 17 octobre 2024, journée consacrée à la mémoire de Jean Jacques Dessalines, journée de méditation, de rétrospection et d’autocritique, Le Quotidien 509 tient à marquer le coup en soulevant les questions relatives à la vision et au combat de l’empereur, en signe d’hommage à ses gestes.
Si l’on considère Toussaint comme étant le premier des Nègres dans l’histoire de la négritude, pourquoi douter que Jean Jacques Dessalines est le plus grand de tous ? Est-il vrai que nul prophète n’est adulé dans ses propres contrées ?
Au regard de cette épopée que le monde tente d’oublier pour avoir redéfini l’ordre et le système mondial, nous ne pouvons que tirer notre chapeau et ainsi saluer le génie idéaliste et visionnaire. Cette page d’histoire, impossible à taire, est celle de la gloire des opprimés : des esclaves, des sals nègres défiant la tyrannie et l’inhumanité d’un système esclavagiste, colonialiste et ségrégationniste. Cette victoire porte la signature d’un homme : Jean Jacques Dessalines, un géant dont on étouffe les gestes dans l’esprit des générations qui lui succèdent.
L’humanité vénère le Mahatma Gandhi, reconnaît le combat de Martin Luther King et de Mandela. Il considère que la lumière du 18e siècle français plane encore sur notre époque et conçoit que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est la base du système de l’heure. C’est de bonne guerre que de donner audience aux prouesses des preux, mais appelons les choses par leurs noms.
Le plus grand exploit de l’histoire de l’humanité a été la petite victoire pour l’égalité des peuples et contre la supériorité avouée de telle race d’hommes sur telle autre. Mais la guerre est loin d’être gagnée. Les épisodes d’Hitler, le mouvement des Blacks Lives Matter est le témoignage qui atteste de la présence de ces vieux démons dans le cœur et dans l’esprit des hommes.
L’homme ne cessera pas d’être un loup pour l’homme, mais il y aura toujours un David pour chaque Goliath. Toujours, un mouton rebelle qui affrontera les méchants loups, qu’importe s’il subit l’isolation, le mépris et l’appauvrissement.
Il y avait un rêve qu’on nomma Ayiti, il germa dans l’esprit et le cœur d’un homme qui a su poser les bases de sa concrétisation aux prix du sang, au prix de sa vie. Ce rêve se meurt. Il agonise mais résiste encore, au plus profond de nous autres, filles et fils, héritiers de l’empereur.
Cette vision est le cauchemar des géants hypocrites et le chemin de la rédemption des peuples encore sous le joug des colonisateurs. Le devoir nous incombe de préserver la mémoire des précurseurs et de continuer le combat entamé.
Gardons en mémoire qu’un peuple qui ignore son passé est condamné à le revivre…
Apprendrons-nous un jour à en être dignes, apprendrons-nous jamais ?
Marc Arthur Paul