Qui aurait cru que des citoyens américains craindront un jour que des scènes de violence puissent s’ensuivre après les résultats des prochaines élections présidentielles.
Qu’est ce qui va se passer si les républicains ou démocrates remportent l’élection présidentielle ? Est-ce que les supporteurs de l’ancien Président Trump vont accepter patriotiquement une nouvelle défaite ? Est ce que les Démocrates accepteront, de leur côté, en toute démocratie, la victoire de Trump ?
On ne peut pas prédire encore le comportement des supporteurs de la Vice-présidente Kamala Harris en cas de défaite. Obama, Clinton, les superstars de Hollywood… Les Démocrates ont sorti leurs plus grands leaders pour faire campagne à côté de Mme Harris. De son côté, Trump tire sa carte du milliardaire de SpaceX Elon Musk, qui mène une campagne à sa manière, jouant aussi sur la monétisation comme certains leaders haïtiens. Le chiffre seul fait la différence : Un million de dollars américains contre la promesse d’engagement face à mille gourdes, kits alimentaires et motocyclette.
Pour nous, citoyens haïtiens, nos élections sont toujours marquées par la Peur. Non pas la peur de l’inconnu, mais la peur d’une répétition. Incendie, manifestation pacifique ou violente, déchoucage, pneus enflammés, etc. Prévoir la violence marche de fait avec la planification des élections, et notamment dans certains bureaux de vote clé où tout se décide. Le coup d’État électoral est surveillé de près tant par ceux qui l’ont préparé que ceux qui en seront les victimes. C’est pourquoi ces fameux observateurs électoraux des missions internationales sont présents pour valider les résultats, sauvegarder la démocratie ou encore, malheureusement, orienter ou imposer. Les gouvernements d’Haïti ont toujours prêté serment à la suite d’élections contestées suivies de manifestations de toute sorte.
Par contre, le peuple de la plus grande démocratie est habitué à une transition douce et pacifique. Les USA, modèle « parfait » de gouvernance, s’est toujours élevé au-dessus de la mêlée jusqu’à ce que les manifestants du 6 janvier 2021, au Capitol, viennent profaner le processus de la passation du pouvoir. L’équipe de Donald Trump prévoit déjà de contester les résultats des élections en cas de perte. Les couleurs sont annoncées. Des citoyens immigrants pensent déjà à faire des provisions supplémentaires dans les supermarchés devant la violence qui pointe déjà.
Pour nous, immigrants haïtiens, d’origine shithole country, c’était du déjà vu. Mais un déjà vu qu’on ne voulait ni croire ni voir. Pas possible !
Aujourd’hui encore, nous sommes dans le déjà vu. Le discours de certains politiciens américains véhicule des messages de haine, de division, de violence et d’insulte. Cette division est très profonde, car elle n’épargne aucun groupe de ladite société. Le niveau de tolérance s’effrite de jour en jour.
Vous vous souvenez de ce slogan « Imite l pa irite l ». Les réseaux sociaux américains deviennent un espace où les supporteurs (démocrates et républicains) s’en prennent à coup de gueule. Dans les grands pays, ça s’appelle la liberté d’expression. Les propos malsains s’accentuent de jour en jour, prenant la place au projet de société. Tout sera joué ce 5 novembre pour les États-Unis qui prônent une image de pays modèle, moralisateur, invitant au dépassement de soi. L’inquiétude est élevée dans les deux camps.
De plus, qui aurait cru que certains citoyens américains allaient applaudir ou s’éclater de rire en écoutant certains de leurs leaders proférer des insultes. Nous aussi, en Haïti, vous vous souvenez, on riait à gorge déployée quand nos leaders utilisaient avec classe les propos malsains. On pensait que c’était Cool. Ce n’est pas grave. Ce n’est rien, juste de la comédie, de la politique électoraliste.
Aujourd’hui encore, la comédie continue. Triste comédie. En fait, nous savons que dans un climat de shithole country, la civilité, le respect de l’autre, la tolérance, la décence sont remplacés par le vulgaire, l’obscène. Dans un climat de shithole country, tous les comportements sont permis. Petit à petit, l’inacceptable devient acceptable. Voilà comment on devient un shithole country.
On peut être un pays riche avec des caractéristiques de shithole country si les discours politiques se construisent autour de la haine, de la division, et de la violence.
Mabitan
25 octobre 2024
Le texte a été modifié.