Port-au-Prince, le 23 novembre 2024 – La fragilité du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est une fois de plus mise en lumière. Derrière le refus des invitations à une rencontre avec le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé se cache une fracture profonde au sein des plateformes politiques Résistance Démocratique (RED) et Les Engagés pour le Développement (EDE), ainsi que des tensions autour des figures clés impliquées dans la transition.
Le refus d’une branche dissidente de RED
La Plateforme RED, dans sa structure officielle dirigée par Renald Lubérice, n’a pas formellement refusé l’invitation du Premier Ministre. En réalité, c’est la branche dissidente de RED, associée à Jonas Coffy, qui a rejeté cette convocation. Coffy, radié définitivement de RED depuis le 12 novembre 2024 pour des manquements graves, continue de s’exprimer en son nom, bien qu’il n’en ait plus l’autorité.
Cette branche dissidente entretient des liens étroits avec EDE, qui a également décliné l’invitation. Ces deux groupes, autrefois alliés avec Compromis Historique ayant donné naissance au CPT, se sont depuis dissociés sur les plans politique et juridique. Pendant que Ede et Red se discutent le pouvoir, Compromis Historiste reste dans l’ombre. Or, Smith Augustin a reçu un mandat d’une entité denommée : “Ede\Red\Compromis Historique”, conformément à la déclaration de Caricom le 11 Mars 2024 créant le CPT.
EDE et ses zones d’ombre
De son côté, EDE s’est justifié en dénonçant plusieurs dysfonctionnements dans le processus de transition, notamment :
1. Un processus biaisé : EDE accuse le Premier Ministre Fils-Aimé d’avoir été imposé en violation des accords initiaux, comme l’accord du 3 avril 2024 et les décrets organisant le fonctionnement du CPT.
2. Un soutien à des conseillers inculpés : EDE pointe du doigt le CPT pour avoir écarté le Dr Garry Conille, qui demandait la suspension de trois conseillers impliqués dans le scandale de corruption – affaires BNC.
Cependant, les critiques d’EDE sont ternies par les accusations qui pèsent sur certains de ses propres représentants. Claude Joseph, figure centrale d’EDE, est lui aussi inculpé dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse par le juge Wessler Voltaire. Cette situation soulève de sérieuses questions sur la crédibilité morale et politique d’EDE dans le cadre de la transition.
Accusations, divisions et une transition incertaine
La transition politique en Haïti est non seulement minée par des luttes partisanes et des intérêts personnels, mais également par des accusations graves.
La situation actuelle illustre un paradoxe : les plateformes RED et EDE, parties prenantes du compromis historique, se sont désolidarisées d’un processus qu’elles étaient censées porter. Le rejet d’invitations et les divergences sur les principes fondamentaux montrent un manque de coordination et de confiance, rendant l’avenir du CPT de plus en plus incertain.
Le Quotidien 509 continuera de suivre cette transition incertaine, en espérant que des solutions viables soient trouvées pour sortir le pays de cette impasse.
La Rédaction