Port-au-Prince, le 26 novembre 2024 – Alors que l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) est censée incarner la transparence et la bonne gouvernance, la gestion de son directeur général, Hans Joseph, nommé par le président Jovenel Moïse et protégé par l’ex-ministre de la justice, Rockfeller Vincent, suscite aussi des interrogations.
Les enquêtes supposées scientifiques et publiées par le DG Hans Joseph, dans la presse en dehors de la loi, du secret professionnel et de la délicatesse de l’instruction criminelle mettent sérieusement en doute ses bonnes intentions.
Dans un pays qui consomme l’avilissement des personnes et dans lequel les institutions de l’État participent même à sa propre descente aux enfers, le DG Hans Joseph, est devenu en 4 ans, le plus grand justicier, l’intouchable, le DG qu’on doit craindre.
Cependant, plusieurs voix se sont élevées, dont celle de Me Guerby Blaise, pour dénoncer une utilisation controversée de l’institution. Ces voix ont résonné dans un désert, car, les rapports de l’ULCC ont servi aux agences internationales en Haïti pour compléter leurs propres rapports pour justifier, auprès des bailleurs, leur réalisation en Haïti.
Pourtant, de nombreux observateurs, dont l’avocat Me Guerby Blaise, dénoncent avec appoint et dextérité, une gestion politisée et des pratiques controversées.
Un mandat défini mais contesté
Créée par décret en 2004, l’ULCC a pour mission de combattre la corruption sous toutes ses formes dans l’administration publique. Cela inclut :
- La protection des biens publics.
- L’établissement d’un climat de transparence.
- L’application de la Convention Interaméricaine contre la Corruption et celle de Mérida.
- La définition d’une stratégie anti-corruption.
Hans Joseph, à la tête de l’ULCC depuis plusieurs années, est aussi accusé par certains d’avoir dévié de ce mandat et de la mission de l’institution à plusieurs niveaux.
Les inquiétudes de Me Guerby Blaise
L’avocat Guerby Blaise, critique virulent de la gestion de Hans Joseph, a déclaré sur la Radio Caraïbes ce 27 novembre 2024 et aussi sur son compte X :
“Je crains que l’ULCC ne soit TRANSFORMÉE en un CHANTAGE POLITIQUE dans le but de FAIRE ACCLAMER À VIE L’ACTUEL DG de l’institution. Dans la POSITIVE, cette STRATÉGIE serait REGRETTABLE et devrait INTERPELER la société qui devrait solliciter L’AUDIT de l’ULCC et une évaluation objective de nombre de ses différents rapports motivés ou intéressés »
Pour Me Blaise, docteur en droit pénal, l’ULCC est devenue un outil de chantage politique. Il appelle à un audit indépendant de l’ULCC, remettant ainsi en question la crédibilité des rapports publiés par l’institution.
En effet, plusieurs pratiques problématiques sont à souligner :
- Manipulation des rapports : Les conclusions de l’ULCC sont souvent perçues comme visant des ennemis politiques ou protégeant des alliés.
- Absence d’enquêtes clés : Hans Joseph est critiqué pour ne pas avoir enquêté sur des dossiers sensibles, comme le contrat Dermalog impliquant Martine Moïse dont son cabinet Expertus est l’avocat.
- Proximité politique suspecte : Hans Joseph serait proche d’une frange politique réclamant le départ des trois conseillers impliqués dans le scandale de la BNC, notamment EDE de Claude Joseph et ses compagnons Bedford Claude et Rockefeller Vincent.
- Contrat donné aux membres du Cabinet Expertus dont le DG est le Fondateur : Dans des documents disponibles au ministère des finances, notre rédaction a pu identifier des membres du cabinet Expertus, contractuel de l’ULCC.
- Rapport bâclé : Plusieurs contradictions sont relevées dans les rapports et des conclusions rapides sont faites en dehors des normes et procédures administratives.
Un dirigeant au centre des polémiques
En plus des critiques sur sa gestion, Hans Joseph est également accusé de trafic d’influence en raison de son rôle de fondateur du cabinet d’experts défendant Martine Moïse, veuve de Jovenel Moïse, dans l’enquête portant sur l’assassinat de ce dernier. Et drôle de coïncidence, notre équipe a aussi identifié le nom de certains avocats collaborateurs du Cabinet Expertus qui sont avocats en face de certains des conseillers du CPT inculpés suite aux rapports de l’ULCC après la correspondance commandée de l’ex-PM Conille.
La question du « nettoyage numérique »
Une autre controverse entoure la disparition sur les réseaux sociaux et internet des anciennes photos et publications de Hans Joseph, y compris celles le liant à son frère Doddy H. Joseph et à Aviol Fleurant. Cette tentative apparente de “nettoyage” numérique alimente des spéculations sur ce que le directeur général de l’ULCC pourrait vouloir cacher. À rappeler que Doddy Joseph a participé à une opération frauduleuse de chèque de l’Etat au Ministère de la Planification sous Aviol Fleurant, lors ministre.
La fragilisation de l’administration publique
Les méthodes utilisées par l’ULCC, notamment la publication intempestive à renfort de publicité de rapports sans enquête approfondie ou consultations des professionnels concernés, sont également critiquées. Elles auraient contribué à fragiliser davantage une administration publique déjà en difficulté. Plusieurs juristes et hommes politiques croient que le travail de Hans Joseph consistant à publier de cette manière le rapport sur les trois conseillers-présidents Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Gérald Gilles, a davantage fragilisé la transition qu’elle n’aurait servi au pays. Les soupçons de corruption qui planent sur ces individus occupent davantage le débat et ne permettent nullement aux acteurs de se concentrer sur les problèmes tels que la sécurité et la reprise de la vie économique du pays.
Un appel à la transparence
Des voix comme celle de Me Guerby Blaise appellent à un audit indépendant de l’institution. La société civile et les partenaires internationaux doivent être vigilants face à ces dernières pratiques instaurées, à cette propagande autour du DG “Anti-corruption”, afin de préserver la crédibilité de l’ULCC et de garantir que la lutte contre la corruption ne soit pas un tremplin pour détruire des professionnels et des citoyens résistants à ses manœuvres.
Le CPT a-t-il intérêt à changer Hans Joseph ?
D’après la loi sur l’ULCC, Hans Joseph n’a pas un mandat dont la durée est prédéterminée. Alors, s’il ne cadre pas au programme de la présidence et du gouvernement, il peut être remplacé à l’instar de n’importe quelle autre personne dans une institution de l’État, car son séjour prolongé peut être dévastateur pour l’institution.
Recommandation
Cependant, pour renforcer la crédibilité de l’ULCC et rétablir la confiance à tous les niveaux, le CPT devrait :
- Remplacer Hans Joseph par une personnalité reconnue pour son intégrité et son indépendance.
- Lancer un audit externe pour évaluer la gestion de l’ULCC sous Hans Joseph et garantir la transparence.
- Revoir la stratégie anti-corruption pour éviter toute politisation ou instrumentalisation future de l’institution dont les rapports tronqués ne peuvent soutenir des accusations fantaisistes et motivées.
Tant que les Parties prenantes, la Caricom et la Communauté internationale permettent, aux trois (3) conseillers présidents inculpés dans le scandale des 100,000,000 de gourdes de la BNC, de bénéficier de la présomption d’innocence, Hans Joseph qui a joué le jeu dangereux de Garry Conille, restera vecteur de malaise dans l’esprit d’harmonie qui devait dominer la transition.
La crédibilité de la lutte contre la corruption exigera des sacrifices, des actions claires et transparentes, à commencer par un audit indépendant et une révision du leadership de l’ULCC.
Équipe juridique le quotidien 509