Le dernier rapport (25-29 novembre 2024) de l’organisation Onusienne OCHA sur la situation sécuritaire en Haïti met en lumière l’étendue de la crise provoquée par les gangs armés, qui contrôlent désormais environ 80 % de Port-au-Prince et s’étendent dans d’autres régions stratégiques. Ces territoires incluent plusieurs zones électorales clés, compliquant davantage l’organisation des élections. Le point le plus important de la feuille de route du CPT. En effet, conformément à la déclaration de CARICOM du 11 Mars 2024, le CPT a pour mission le rétablissement d’un minimum de sécurité pour faire arriver aux élections.
Zones électorales sous l’emprise des gangs
- Artibonite : Les communes de Liancourt, Verrettes, Dessalines et Petite Rivière sont gravement touchées.
- Port-au-Prince : Les quartiers comme Cité Soleil, Grand Ravine, Village de Dieu et Martissant sont entièrement sous contrôle des gangs.
- Pétion-Ville et Croix-des-Bouquets : Des gangs tels que Kraze Baryè ont étendu leur influence à des zones autrefois considérées comme plus sûres, comme Vivy Michel et Péguy Ville.
- Centre : À Belladère, Hinche et Mirebalais, des tentatives d’implantation de gangs ont provoqué des affrontements violents avec les populations locales et des groupes d’autodéfense.
Trois départements déterminants en général dans les scrutins.
Des déplacements massifs
Selon les données des organisations internationales, ces violences ont contraint près de 703 000 personnes à fuir leurs foyers. De nombreuses écoles et des grands centres utilisés comme bureaux de vote sont devenus des abris pour les déplacés.
L’accès au niveau des routes est très limité et contrôlé par les bandits. À se demander comment les bulletins de vote seront acheminés dans les différents départements. Hélicoptère ou avion ? Et quand la route deviendra obligatoire?
Plus de 6 millions de citoyens sont enregistrés à l’ONI. Qui sont-ils? où sont-ils? Quelle sera la stratégie pour l’utilisation de la carte lors des élections ?
Liens avec le trafic d’armes et tensions régionales
Plus de 80 % de la capitale, Port-au-Prince, est sous le contrôle des gangs armés, qui utilisent la violence, les enlèvements, et les exactions pour maintenir leur emprise. Ces groupes armés prospèrent grâce au trafic d’armes, souvent en provenance des États-Unis et via des circuits transfrontaliers impliquant aussi la République dominicaine, selon ONUDC.
Le scandale lié à la disparition de 900 000 munitions du ministère dominicain de l’Intérieur soulève des questions sur leur éventuelle implication dans ces flux illégaux et l’emprise des gangs en Haïti.
Simultanément, la République dominicaine a intensifié les déportations massives des Haïtiens sans papiers, expulsant jusqu’à 10 000 personnes par semaine depuis le 3 octobre. Plus de 52 000 personnes ont déjà été expulsées selon les autorités dominicaines.
Des priorités éclipsées par des scandales politiques
Parallèlement, les soupçons de corruption touchant trois conseillers du Conseil Présidentiel de Transition dominent l’actualité, éclipsant les débats essentiels sur les élections, la conférence nationale, les problèmes diplomatiques et la crise humanitaire.
Malgré ces défis, les discussions sur des réformes structurelles, comme une nouvelle constitution ou des élections, sont éclipsées par les scandales politiques et les luttes de pouvoir internes.
Entre-temps le peuple croupit dans la misère et la désolation. Les agendas internes se discutent et ceux des grands bailleurs se concrétisent même avec difficultés.
La rédaction