Les récentes inondations qui ont frappé le Cap-Haïtien et d’autres régions du Nord d’Haïti mettent en lumière des défis persistants en matière d’urbanisme et de gestion des infrastructures. Les dégâts importants, tant matériels qu’humains, révèlent une vulnérabilité exacerbée par des projets urbains souvent mal planifiés et insuffisamment viables. Le Cap est la deuxième ville du pays et est aujourd’hui la destination de ceux qui fuient Port-au-Prince à cause des gangs armés.
Une solution aussi par rapport à l’aéroport international du Cap-Haïtien, une proximité par rapport à la frontière haitiano-dominicaine. Une destination pour des cadres des entreprises et organisations internationales qui veulent une vie en toute tranquillité et l’accès à des plages.
Des facilités maquillées pour les visiteurs importants qui font oublier la fragilité de la ville du point de vue urbanistique.
Une situation critique
Inondation, glissement de terrain, pluies fines… Les autorités locales, largement dépassées, peinent à gérer les petits dégâts découlant de la nature, voire les grandes crises. Les inondations ont affecté la vie quotidienne des habitants et entraîné des pertes économiques considérables. Cette vulnérabilité découle en partie de problèmes structurels : absence de systèmes de drainage efficaces, urbanisation anarchique et constructions dans des zones à risques.
Les projets financés par la Banque mondiale
Plusieurs initiatives de développement urbain en Haïti ont été financées par des institutions internationales, notamment la Banque mondiale. Par exemple, le projet MDUR (Municipal Development and Urban Resilience Project) visait à renforcer les infrastructures et à améliorer la résilience des zones urbaines. Toutefois, un audit de septembre 2018 a révélé des lacunes dans l’exécution et la qualité des travaux, posant des questions sur leur viabilité à long terme. Parmi les points soulevés :
•Un suivi insuffisant des projets,
•Des écarts budgétaires,
•Une mauvaise intégration des préoccupations environnementales.
Solutions possibles
Face à l’ampleur des dégâts et des défis, il est urgent de repenser l’approche de l’urbanisation sur toute la côte Nord du pays et en Haïti de manière générale. Un ingénieur spécialisé en urbaniste qui a préféré garder l’anonymat a proposé à notre journal quelques pistes de solution.
Quelques pistes de solutions incluent :
1. Renforcement des capacités des autorités locales : Former et outiller les municipalités pour une gestion proactive des risques d’inondation. Les mairies devaient avoir des matériels adéquats à leur disposition et pas seulement les Travaux Publics. Trop souvent, des conflits politiques s’élèvent entre le ministère des TPTC, les mairies et le CNE. Rappelons ici que l’Ex-PM Garry Conille a transféré les matériels du CNE aux Forces Armées d’Haïti.
2.Mise en œuvre de projets durables : Exiger un suivi rigoureux et des critères de qualité pour les projets financés par des bailleurs de fonds.
3.Planification urbaine stricte : Définir des zones non constructibles et développer des infrastructures de drainage modernes.
4.Participation communautaire : Impliquer les habitants dans les décisions locales pour garantir des solutions adaptées aux réalités du terrain.
5. Participation du CIAT : Responsabiliser le CIAT sur les plans d’aménagement et d’urbanisation du Nord.
En 2017, La République d’Haïti a reçu un don de cinquante millions de dollars (55,000,000.00$US) de l’Association Internationale pour le Développement et un don des Etats-Unis d’Amérique du FIC pour le financement du Projet de Développement Municipal et de Résilience Urbaine (MDUR). Le Projet de Développement Municipal et de Résilience Urbaine (MDUR) finance :
– Investissement en matière de réduction de la vulnérabilité et pour des infrastructures urbaines résilientes au climat;
– Appui aux investissements municipaux, renforcement des capacités et planification stratégique ;
– Reconstruction et réhabilitation en urgence des infrastructures et des études associées
– Renforcement des capacités de l’UCE-MTPTC et de l’UCP-MICT.
Conclusion
Les inondations récurrentes au Cap-Haïtien et ailleurs en Haïti ne sont pas qu’un problème climatique ; elles révèlent une faille systémique dans la gestion urbaine. Des solutions existent, mais elles nécessitent une coordination efficace entre le gouvernement, les bailleurs de fonds et les communautés locales pour construire des villes résilientes face aux défis climatiques.
Rapport complet de la Banque mondiale disponible ici.
La rédaction