Le gouvernement haïtien dirigé par Didier Fils Aimé vient de réaliser un coup politique audacieux, en obtenant la réouverture de l’aéroport international Toussaint Louverture, un enjeu stratégique pour le pays. Ce succès intervient à un moment critique, alors que la Federal Aviation Authority (FAA) des États-Unis doit statuer, d’ici au 12 décembre, sur la levée ou le maintien de sa suspension des vols en territoire haïtien.
Depuis l’avis KICZ A0015/24, émis par les autorités américaines, les vols vers et à partir d’Haïti étaient soumis à des restrictions strictes pour des raisons de sécurité. Ce blocage pesait lourdement sur l’économie nationale, l’accès de la diaspora, et les relations diplomatiques du pays. Conscient des enjeux, le gouvernement haïtien a confié ce dossier sensible au Ministre de la Justice, Me Patrick Pelissier, qui a piloté les négociations ayant conduit à une percée significative dans un contexte sous haute tension.
La solution est venue sous la forme d’un protocole d’accord, signé entre plusieurs entités stratégiques : la Police Nationale, les FADH, le Ministère des Travaux Publics, l’AAN, l’OFNAC, le Ministère de la Justice et la Mission Multinationale de Sécurité (MMAS). Cet accord garantit la sécurisation complète de l’aéroport et de son périmètre, condition essentielle pour satisfaire les exigences de la FAA.
Ce coup de force du gouvernement est perçu comme une victoire, une bonne nouvelle pour la majorité de nos sondés, mais l’issue reste incertaine. Si la FAA lève ses restrictions le 12 décembre, cela marquera un tournant positif pour l’administration Fils-Aimé, qui pourrait revendiquer une réussite dans un contexte de transition politique difficile. Toutefois, si les restrictions sont maintenues, cet effort pourrait être interprété comme un simple geste symbolique, d’autant plus qu’aucune compagnie, à part Sunrise, ne se serait enthousiasmée de la réouverture de cet aéroport.
L’avenir reste encore fragile, la réouverture de l’aéroport est une avancée importante, mais elle ne résout pas les problèmes structurels qui minent le pays. La sécurité … ou plutôt l`insécurité, le renforcement des institutions, la lutte contre la corruption et le développement économique restent des chantiers prioritaires. Ce succès ponctuel devra s’inscrire dans une dynamique durable pour convaincre les sceptiques et restaurer la confiance des partenaires internationaux.
En attendant la décision de la FAA, le gouvernement haïtien peut se targuer d’avoir accompli l’impossible en un temps record. Reste à voir si cet effort sera salué comme un véritable coup de maître ou critiqué comme un simple coup de communication dans un contexte de crise chronique.
Lyonel Auguste