L’exclusion de la prolongation des programmes HOPE-HELP du projet de loi américain sur le financement du gouvernement soulève de sérieuses inquiétudes pour l’économie haïtienne, déjà fragile. Ces programmes, qui offrent des préférences commerciales pour les produits textiles haïtiens sur le marché américain, sont essentiels pour le secteur industriel du pays.
La Loi sur l’Assistance Hémisphérique à Haïti (HOPE II/HELP, son acronyme en anglais), qui expire en 2025, accorde un traitement préférentiel aux importations de vêtements, produits textiles, et certains autres articles provenant d’Haïti exempts des droits de douane. La Loi HELP parallèlement à la Loi HOPE (Haitian Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement) permet l’accès au marché américain, hors taxes, à environ 1,500 produits (totalisant 5,000 articles exempts de taxes éligibles pour le Système Généralisé de Préférences (SGP).
Impact sur le secteur textile
1. Perte de compétitivité : Les programmes HOPE-HELP permettent aux produits textiles haïtiens d’être exportés vers les États-Unis sans droits de douane. Sans cette préférence, les entreprises haïtiennes devront faire face à une concurrence accrue, notamment de pays bénéficiant toujours d’accords commerciaux plus ou moins similaires.
2. Risque de perte d’emplois : Le secteur textile représente l’un des principaux employeurs en Haïti, avec environ, 60,000 emplois directs, en 2021 dans les zones franches industrielles. La non-prolongation des programmes pourrait entraîner des licenciements massifs. La crise économique et politique du pays a entraîné aujourd’hui une chute de moins de 30,000 employés dans le secteur. La CODEVI compte à elle seule, 15,000 employés dont 14,000 haïtiens et 1000 étrangers.
3. Réduction des investissements : Les investisseurs étrangers, notamment ceux opérant dans les zones franches, pourraient être dissuadés de maintenir ou d’étendre leurs opérations en Haïti en raison de l’incertitude sur les conditions commerciales.
Conséquences économiques globales
1. Diminution des exportations : En 2023, environ 90 % des exportations haïtiennes vers les États-Unis provenaient du secteur textile. La perte des préférences commerciales entraînerait une diminution significative des recettes d’exportation.
2. Aggravation de la pauvreté : Avec un taux de chômage déjà élevé et une situation économique précaire, la fin des programmes HOPE-HELP pourrait exacerber la pauvreté et l’instabilité sociale.
3. Augmentation des tensions sociales : La fermeture possible d’usines et les pertes d’emplois pourraient déclencher des mouvements sociaux et des protestations, aggravant la crise humanitaire et politique.
Position de l’ADIH et plaidoyer
L’Association des Industries d’Haïti (ADIH), représentée par Georges B. Sassine, avait exprimé son inquiétude face à l’exclusion des programmes HOPE-HELP. Le renouvellement de ce programme, avait-il informé notre rédaction, était capital pour le secteur textile haïtien. L’organisation ADIH a, depuis 3 ans intensifié son plaidoyer auprès des autorités américaines pour une réintégration rapide de ces programmes qui expirent en 2025. Plus de 450 rencontres enregistrées et une mise en branle des relations de chacun pour faire le plaidoyer. L’Etat Haïtien et l’Etat Dominicain ont chacun joué aussi sa partition pour introduire le renouvellement de la loi Hope-Help.
Sassine nous a souligné que le textile est l’un des rares secteurs encore fonctionnels en Haïti, jouant un rôle crucial dans la stabilité économique et sociale du pays. Sans ce soutien des États-Unis, l’industrie risque de s’effondrer, entraînant des conséquences catastrophiques pour des milliers de familles haïtiennes.
Fernando Capellán, président de la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI), a exprimé aussi sa profonde préoccupation suite à l’exclusion des programmes HOPE-HELP du projet de loi de financement du gouvernement américain. Pour M. Capellán, cette décision menace directement la viabilité du secteur textile haïtien, qui constitue un pilier essentiel de l’économie locale et régionale.
« Les programmes HOPE-HELP ne sont pas seulement des accords commerciaux ; ils représentent une bouée de sauvetage pour des milliers de familles haïtiennes. Sans ces préférences tarifaires, la compétitivité de nos entreprises sera gravement affectée, et des milliers d’emplois risquent d’être perdus, non seulement en Haïti mais aussi dans les entreprises connexes opérant à la frontière. »
Appel à une solution urgente
Face à cette situation, l’ADIH et le CODEVI sont convenus de ne pas baisser les bras et de continuer les démarches auprès du Congrès américain.
L’absence des programmes HOPE-HELP dans la législation actuelle constitue une alerte majeure pour Haïti qui devra aussi renforcer son partenariat avec d’autres pays.
La rédaction