Le 27 décembre 2024 – La Corée du Sud traverse une crise politique sans précédent. Après la destitution du président Yoon Suk Yeol le 14 décembre dernier, les députés de l’Assemblée nationale ont voté, ce vendredi, pour destituer également le président par intérim, Han Duck-soo, qui assurait la transition.
Sous les protestations bruyantes des députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP), 192 parlementaires ont voté en faveur de la destitution de Han Duck-soo. « Sur les 192 députés qui ont voté, 192 ont voté pour la destitution », a annoncé Woo Won-shik, président de l’Assemblée nationale.
Il s’agit d’une première dans l’histoire politique sud-coréenne : la destitution d’un président par intérim. La charge de chef de l’État revient désormais au ministre des Finances, Choi Sang-mok, en attendant les prochaines étapes judiciaires et politiques.
Les députés reprochent à M. Han, 75 ans, d’avoir « activement participé à l’insurrection » orchestrée par Yoon Suk Yeol au début du mois de décembre. Cette tentative d’instaurer la loi martiale, suivie d’un déploiement militaire au Parlement, avait été rapidement avortée face à une mobilisation massive de l’opposition et de la société civile.
M. Han est également accusé d’entraver l’enquête en cours sur ces événements et de bloquer les nominations de trois juges à la Cour constitutionnelle, indispensables pour statuer sur la destitution de Yoon Suk Yeol.
La Cour constitutionnelle doit se prononcer d’ici six mois sur la validation de la destitution de Yoon Suk Yeol. Actuellement composée de six juges sur neuf, elle devra statuer à l’unanimité si les sièges vacants ne sont pas pourvus. Ce blocage rend la situation particulièrement tendue, car une seule voix contre pourrait rétablir Yoon Suk Yeol dans ses fonctions.
Cette instabilité politique pèse lourdement sur l’économie sud-coréenne. Avant même l’annonce de la destitution de Han Duck-soo, la monnaie nationale, le won, a plongé à son plus bas niveau en 16 ans face au dollar.
Par ailleurs, la société sud-coréenne est profondément divisée. Les partisans de l’ex-président dénoncent une « chasse aux sorcières », tandis que l’opposition appelle à une refondation des institutions pour garantir le respect de la Constitution.
Avec Rfi