Port-au-Prince, décembre 2024 – L’économie haïtienne continue de sombrer dans une récession prolongée, marquée par des défis structurels et des contraintes macroéconomiques persistantes. L’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) a révélé une contraction de 4,2 % du PIB pour l’exercice fiscal 2023-2024, portant ce dernier à 568 milliards de gourdes. Cette récession, la sixième consécutive, illustre la gravité de la situation économique du pays.
L’inflation, un fléau pour l’économie nationale, a atteint 28,9 % en juin 2024, selon la Banque de la République d’Haïti (BRH). Cette hausse est alimentée par des troubles socio-politiques, une dépendance excessive aux importations et un faible pouvoir d’achat des ménages.
L’IHSI souligne que cette baisse du PIB a des répercussions directes sur le quotidien des Haïtiens. La diminution de l’activité économique se traduit par une hausse du chômage, une inflation galopante, et une détérioration des conditions de vie. Les infrastructures essentielles, telles que l’accès à l’eau potable, l’éducation et la santé, sont sévèrement impactées, aggravant ainsi la vulnérabilité des populations les plus démunies.
Malgré cette situation, les réserves internationales nettes du pays étaient estimées à près d’un milliard de dollars américains en septembre 2024, un indicateur positif dans un contexte de forte instabilité.
Le 20 décembre 2024, le Fonds Monétaire International (FMI) a approuvé un programme de référence d’une durée de 12 mois. Élaboré en collaboration avec la BRH et le Ministère de l’Économie et des Finances, ce programme vise à :
• Renforcer la stabilité macroéconomique,
• Améliorer la gouvernance,
• Soutenir la résilience économique,
• Prendre en compte les contraintes sécuritaires et structurelles.
Lors d’une réunion avec la Banque Interaméricaine de Développement (BID) en juin 2024, le Gouverneur de la BRH, Ronald Gabriel, a souligné que le système financier haïtien reste solide malgré les turbulences. Il a également plaidé pour une amélioration des politiques publiques et des conditions sécuritaires afin de stimuler la croissance économique.
La contraction économique a des effets dévastateurs sur la vie des citoyens, notamment une augmentation du chômage, une baisse du pouvoir d’achat et une dégradation des services publics essentiels. La dépendance structurelle du pays à l’aide internationale reste une épée de Damoclès pour le développement durable.
Le secteur agricole, souvent présenté comme un pilier de l’économie nationale, fait l’objet de programmes de modernisation, mais les résultats tardent à se concrétiser. Par ailleurs, les investissements dans les énergies renouvelables et les initiatives de développement durable sont encore insuffisants pour générer des changements significatifs.
L’avenir économique d’Haïti dépendra de :
• La mise en œuvre de réformes structurelles efficaces,
• L’instauration d’un climat politique stable,
• Une meilleure gouvernance des ressources publiques,
• Et un engagement ferme de la communauté internationale pour soutenir la sécurité et le développement.
En dépit des obstacles, la résilience du peuple haïtien reste une force motrice, offrant un espoir d’un redressement économique à long terme. Toutefois, sans des mesures concrètes et une coordination efficace entre les acteurs nationaux et internationaux, Haïti risque de rester enfermé dans un cycle de déclin économique et social.
Sources : IHSI, BRH, BID, FMI