Le quatrième trimestre de l’exercice 2023-2024 a été marqué par un tournant significatif de la politique monétaire des principales banques centrales. L’évolution fluctuante des prix dans certaines régions a permis d’enclencher le desserrement des conditions monétaires, en dépit de l’environnement international empreint d’incertitudes liées aux tensions géopolitiques, notamment la poursuite de la guerre en Ukraine et le conflit au Proche-Orient1.
Au niveau national, la persistance des chocs multidimensionnels continue d’entraver les activités dans tous les secteurs économiques. Ce climat défavorable a provoqué le rétrécissement du tissu industriel et réduit la production agricole, déjà en proie aux aléas climatiques. Il en est résulté une accentuation des pressions inflationnistes, en dépit d’une gestion des finances publiques propice à une certaine stabilisation de la valeur de la gourde par rapport au dollar américain. Dans ce contexte difficile, la Banque centrale a poursuivi ses actions, visant à maintenir la stabilité du taux de change, à limiter les tensions inflationnistes, et à garantir des conditions de financement favorables à la reprise potentielle des activités économiques, advenant le redressement de la situation sécuritaire.
Les pressions inflationnistes post-covid-19, qui ont marqué l’environnement macroéconomique mondial, se sont atténuées notamment au cours du dernier trimestre de l’exercice fiscal 2024.
En effet, considérant le taux d’inflation établi à 2,4 % en septembre 2024 (contre 3 % en juin 2024) et le dynamisme du marché du travail aux États-Unis (taux de chômage à 4,1 % en septembre comme en juin), la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé d’abaisser ses taux directeurs de 50 points de base en septembre 2024, pour la première fois depuis mars 2020, les portant dans la fourchette comprise entre 4,75 % et 5 %.
De même, la Banque Centrale Européenne (BCE) a révisé à la baisse son taux directeur, lequel a atteint 3,50 % contre 3,75 % depuis juin 2024, alors que le taux d’inflation s’est inscrit à 1,8 % en septembre 2024, en recul de 0,7 point de pourcentage par rapport à juin 2024. Au niveau des économies émergentes, si le desserrement des conditions monétaires a été adopté en Chine (taux directeur : 3,35 % contre 3,45 % antérieurement), les autorités monétaires en Russie et au Brésil ont relevé leurs taux directeurs respectivement à 19 % (+1 pp en septembre après 2 pp en juillet) et 10,75 % en septembre 2024 (+0,25 pp) en raison de la persistance des tensions inflationnistes dans ces pays.
Par ailleurs, les prévisions de la Commission Économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe (CEPALC) augurent un ralentissement de la croissance de la région, à 1,8 % en 2024, tenant compte de l’affaiblissement de la demande extérieure et du fléchissement des investissements. En revanche, l’économie dominicaine est demeurée résiliente, en témoigne la progression de 4,7 % de son indicateur mensuel d’activité économique (IMAE) en septembre 2024, dans un contexte où le taux d’inflation s’est établi à 3,29 % en septembre 2024. L’inflation, s’inscrivant dans la fourchette cible de [4 % ± 1 %], a porté la Banque centrale de la République dominicaine (BCRD) à réduire son taux directeur de 25 points de base sur les deux derniers mois, pour le fixer à 6,50 % en septembre 2024.
Sur le marché international, les cours des deux produits pétroliers de référence ont connu un repli beaucoup plus prononcé qu’au trimestre précédent, en raison non seulement des conflits géopolitiques en Ukraine et au Proche-Orient, mais aussi du ralentissement économique de la Chine, l’un des plus grands importateurs mondiaux de pétrole.
PREVISIONS
Les prévisions de croissance des autorités publiques tablent sur un recul de 4 % du PIB pour l’année fiscale 2024, renvoyant à la plus longue période de récession enregistrée par l’économie haïtienne, soit six années consécutives de contraction économique. Les perspectives pour 2024-2025 sont tributaires de l’évolution du cadre macroéconomique mondial et des développements sociopolitiques, ainsi que de la situation sécuritaire dans le pays.
À court terme, le dynamisme du secteur agricole dépendra grandement du desserrement des contraintes au niveau des circuits de commercialisation des denrées alimentaires découlant de la récolte plus ou moins satisfaisante de la campagne de printemps considérant la moyenne saisonnière.Cette situation devrait concourir à l’augmentation de l’offre et la distribution des produits locaux entre les différentes régions géographiques, avec des incidences positives sur l’évolution des prix dans l’économie.
Sur le plan fiscal, l’atteinte des objectifs de recettes fixés dans le budget 2024-2025 demeure primordiale pour le maintien du financement monétaire nul tel que prévu, lequel serait favorable à l’évolution contenue de l’inflation et du taux de change.
Lire l’intégralité de la Note sur la Politique monétaire sur BRH