Alors que Nicolás Maduro et Edmundo González Urrutia revendiquent chacun la présidence du Venezuela, la situation s’intensifie sur le plan diplomatique et sécuritaire. La rupture des relations diplomatiques entre le Venezuela et le Paraguay, l’appel de González à l’armée vénézuélienne, et son accueil par Joe Biden sont autant de signaux d’un conflit politique aux ramifications internationales.
Le gouvernement vénézuélien a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Paraguay après que le président paraguayen Santiago Peña ait exprimé son soutien à González Urrutia. Ce dernier, reconnu par plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Argentine, la République Dominicaine et l’Union européenne, poursuit une tournée diplomatique pour renforcer son assise internationale avant l’investiture prévue de Maduro le 10 janvier.
En réponse, le Paraguay a expulsé l’ambassadeur vénézuélien et son personnel, marquant une escalade des tensions entre les deux nations. Peña a également souligné, lors d’une vidéoconférence avec María Corina Machado, la nécessité pour la région de s’unir pour contrer les régimes autoritaires.
En exil depuis septembre, González Urrutia multiplie les déplacements pour rallier le soutien international. Après des arrêts en Argentine et en Uruguay, il a rencontré Joe Biden à Washington. González est également attendu en République dominicaine, pays où les relations avec Haïti et les dynamiques régionales ajoutent un niveau de complexité supplémentaire.
Le Cas Haïtien : Neutralité et Complexités Régionales
L’Enjeu PetroCaribe
Les tensions diplomatiques au Venezuela ont des implications directes pour Haïti, notamment à cause des liens historiques avec Caracas via le programme PetroCaribe. Haïti a récemment effectué un paiement de 500 millions de dollars pour solder sa dette, un geste qui a été perçu comme un effort pour clarifier ses engagements financiers. Cependant, ce paiement a provoqué des répercussions politiques internes, notamment le limogeage d’Ariel Henry, sous pression des États-Unis et d’autres alliés.
Appel à l’ALBA
Lors de la conférence de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), Leslie Voltaire, Président du Conseil Présidentiel de transition, a sollicité un soutien accru des pays membres. Il a déclaré :
« Haïti a toujours maintenu une position neutre dans les conflits régionaux. Mais face à nos défis internes, la solidarité des nations de l’ALBA est essentielle pour garantir notre stabilité économique et notre souveraineté. »
La Position Diplomatique d’Haïti : Entre Neutralité et Pressions
Haïti, confronté à une crise économique et sécuritaire aiguë, tente de maintenir une position neutre face à la polarisation entre les partisans de Maduro et de González. Cependant, cette neutralité est difficile à maintenir par rapport aux pressions des États-unis. Le pays sera bientôt appelé à faire un choix.
Washington soutient fermement González et pourrait percevoir tout rapprochement d’Haïti avec l’ALBA comme un alignement tacite avec Maduro.
La République dominicaine, soutient activement l’opposition vénézuélienne. Toute perception de sympathie haïtienne envers le régime de Maduro pourrait exacerber les tensions déjà existantes entre les deux pays. Le président Luis Abinader qui construit son leadership régional sur le dos d’Haïti pourrait se trouver être renforcé.
Que prévoit la diplomatie haïtienne à ce carrefour incontournable du dossier Venezuela ? le pays pourra t’il réellement maintenir un équilibre diplomatique ? Le CPT et le gouvernement pourront-il prendre le risque de s’éloigner des partenaires traditionnels, notamment les États-Unis et l’Union européenne. L’OEA a estimé aussi que le vote revient à l’opposition vénézuélienne.
La crise vénézuélienne illustre la polarisation politique et diplomatique en Amérique latine et dans les Caraïbes. Pour Haïti, naviguer dans ce contexte complexe nécessitera une diplomatie habile et des efforts considérables pour préserver sa neutralité tout en évitant de compromettre ses relations avec ses partenaires clés.
Un défi de taille s’annonce avec une diplomatie haïtienne déjà scandalisée.
La rédaction