Le 10 Avril 2024, la Police Nationale d’Haïti a interpellé Rose Daphkar Salomon, le mannequin de « Paryaj Pam». Selon des informations, elle est accusée pour ses relations avec des membres du gang armé dénommé « Baz 257 ». Elle a été arrêtée chez elle à Pelerin 7 sous les ordres de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Sur demande de plusieurs lecteurs, le journal « Le Quotidien 509 » a décidé de produire cette réflexion sur cette jeune fille, l’image de « Paryaj pam », cette grande compagnie spécialisée en loterie. Daphkar est incarcérée à la prison pour femmes depuis avril 2024, livrée au bon vouloir de la justice haïtienne et loin de ceux qui ont pour obligation de protéger la vie des citoyens, qu’ils soient coupables ou innocents. Daphkar, comme tant d’autres, sont déjà des oubliés de cette société qui prend tout et se déresponsabilise. Daphkar est l’histoire de plusieurs hommes, de plusieurs femmes, de plusieurs jeunes hommes et de plusieurs jeunes filles ….
D’après nos recherches, Daphkar Salomon était sous les radars de la PNH depuis quelque temps et ses nombreuses publications faites sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, étaient méticuleusement suivies et contrôlées. Plus de 301 000 followers sur Instagram. Daphkar se sentait comme une reine invincible, elle se sentait aimée par ses followers (suiveurs), ses collaborateurs à Paryaj Pam. Elle était sollicitée de partout et de différentes manières.
Rose Daphkar Salomon, a été, bien avant d’être sous les projecteurs de Paryaj Pam, une jeune danseuse culturelle, avec une préférence pour la danse racine.
Elle a été découverte par l’artiste Izolan qui a fait appel à elle pour être l’image de Paryaj Pam. Cette jeune fille vivant au début dans un ghetto, essayant de se créer une route pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, se trouvera sous les projecteurs les plus rêvés de la société haïtienne.
Belle, sachant manœuvrer les pinceaux pour se maquiller et mettre en valeur son corps voluptueux, elle devra donc faire face à toutes les convoitises, les propositions des plus honnêtes aux plus malhonnêtes et aussi penser à la sécurité alimentaire et personnelle de sa famille.
Vivant dans une famille très très modeste, elle sera celle qui aurait la charge de changer la condition économique de sa mère. Elle devient le parent, celle qui apporte le pain quotidien sur la table. Celle qui a accès à un revenu stable pour permettre que les plus petits aillent à l’école et qu’ils bouclent l’année scolaire.
Le parcours de Daphkar est celui de ces nombreuses jeunes filles qui ont dû grandir trop vite pour subvenir aux besoins de leurs familles.
La vie de Daphkar est l’histoire de ces filles que la société a abandonnées pour faire face seules aux défis du quotidien comme jeunes et jeunes filles. Une société qui veut tout, mais qui ne pardonne pas, ni ne protège pas cette catégorie si fragile émotionnellement et livrée à elle-même.
Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre l’état critique de la jeune mannequin, la star de Paryaj Pam. Aujourd’hui abandonnée, perdant tous ces droits humains. Il y a plusieurs Daphkar dans cette prison pour femmes.
De plus, souffrant atrocement de diabète, sa santé chancelante au point qu’à plusieurs occasions on fit courir le bruit de son décès. Mais cela n’a pas suffi pour émouvoir ni les organismes de droits humains ni les instances judiciaires, encore moins les associations de femmes qui ont sûrement entendu les supplications de sa mère dont la santé est aussi chancelante.
Il y a plusieurs Daphkar dans les rues, dans ces quartiers nauséabonds, dans ces guettos et les petits quartiers des hauteurs de Pétion-ville. Ces nombreuses Daphkar à qui on ne pardonne pas d’avoir forcé les cages de la misère pour se créer un espace de rayonnement ou d’avoir refusé un verre d’un soir d’un homme trop entreprenant. Pourquoi, pénalise-t-on autant cette jeune fille traînant dans une prison préventive les hématomes, boursouflures et plaques témoignant des dégâts du diabète ? Est-elle réellement membre de la « Base 257 » ou connaît-elle simplement les chefs ? Pourquoi la justice a-t-elle classé ce dossier ? Quelle est la vérité dans cette affaire ?
Ne nous voilons pas la face, il y a plusieurs Daphkar dans ces familles dirigées par un chef de gang connu ou d’autres grandes familles sous la coupe de bandits non encore dévoilés au monde. Combien de personnes ont préféré fuir certains grands restaurants du pays, en constatant qu’ils prenaient régulièrement leur souper avec des chefs ou alliés de chefs.
Il y a bien trop de Daphkar dans cette société juvénile. Dans cette société où l’apparence, les voitures de grande marque, la nudité, les faux cils, les faux seins, les faux culs, les filtres de tout genre sont plus importants que la réalité. Les gardiens des valeurs de la société ayant échoué dans leur mission.
Église, École, État, qu’avez-vous fait de nos jeunes et particulièrement de nos jeunes filles ?
Cette Daphkar est en prison préventive et elle n’a pas droit à des égards, à un procès équitable pour les infractions qu’elle aurait commises. Combien de femmes subissent le même sort dans ces centres carcéraux crasseux et nauséabonds.
En 2022, elle avait déclaré au média en ligne Juno7 que son plus grand rêve c’est de construire un abri où elle pouvait recevoir tous les soirs les gens qui n’ont aucun endroit pour se reposer la nuit. « Mwen bezwen fè donasyon ak moun ki nan bezwen. Mwen te anvi menm gen yon vila kote m ap resevwa moun ki pa gen kote pou yo domi » … « Fwaye pou moun ki pa g on kote y ap dòmi aswè ».
L’état de santé de Daphkar en appelle à des mesures sanitaires d’urgence afin d’éviter cette mort qui sera à la charge du ministre de la Justice, ancien militant des droits humains, des organismes de droits humains, des juges, commissaires du gouvernement, de la ministre à la Condition Féminine, du Protecteur du Citoyen, enfin tous ceux qui ont la charge de veiller au respect des droits de la personne humaine.
Il est temps que cesse la banalisation de la vie.
Il est urgent que le problème de la prison préventive soit mieux posé, que l’indifférence de nos dirigeants soit colmatée, que les organismes de droits humains assument leur responsabilité.
Les associations de femmes, de jeunes et de défense des droits sont ici interpellées pour un dénouement juste et équitable à cette affaire et d’autres…
L’incarcération de cette jeune fille suspectée d’avoir des relations avec la « Baz 257 » invite aussi à se demander pourquoi la police n’agit pas contre ceux qui déclarent dans la presse avoir des relations avec des bandits pour protéger leurs entreprises et leur personnel, contre ceux qui négocient avec les chefs de gangs pour inaugurer les hôpitaux et les activités de toutes sortes.
Une politique de poids et de mesure qui rappelle la citation de la Fontaine « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir… ».
La rédaction