Port-au-Prince, 30 janvier 2025 – Lors d’une visite du « Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) » à la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti (PNH) à Clercine, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a exprimé sa frustration face à l’attaque meurtrière de Kenscoff et a ouvertement remis en question le leadership du Directeur Général a.i. de la PNH, Rameau Normil.
« Les services de renseignement de la Police nationale, de la Primature et du ministère de l’Intérieur étaient au courant de la planification de l’attaque meurtrière contre la commune de Kenscoff. Pourquoi a-t-elle quand même eu lieu ? », s’est interrogé le chef du gouvernement, dénonçant l’inefficacité et le manque de leadership du DG ai de la PNH. Des déclarations qui ont été faites en la présence de ce dernier.
Selon des informations qui circulent notamment au niveau des services de renseignement du gouvernement – ceux de la Primature, du ministère de l’Intérieur et de la Justice – La Primature aurait répondu aux différents besoins et aux demandes de la PNH pour anticiper l’attaque et neutraliser les gangs. Pourtant, aucune intervention préventive n’a été menée, d’autant que cette information a animé la toile depuis près de trois semaines.
La même source prétend que ce fut aussi le cas pour le Drame à l’hôpital Bernard Mevs, La petite rivière de l’Artibonite et d’autres. Les services de renseignement du gouvernement auraient communiqué les informations et alloué le support logistique adéquat requis pour les opérations en support avec la MSS. Le gouvernement s’est assuré d’améliorer le traitement des policiers haïtiens, souligne également notre informateur.
Si cela se révèle être vrai, pourquoi, la PNH ne s’est-elle pas mise en mode anticipation pour prévenir et contrer les drames annoncés? Pourquoi ? se questionne publiquement le PM Fils-Aimé en présence de la presse convoquée à cet effet au bureau même du chef de la Police Rameau Normil.
L’inaction coupable mentionnée dans les déclarations du PM est venue alimenter les tensions entre le chef du gouvernement et le Chef de la Police Rameau Normil. Depuis la nomination de Mario Andresol comme Secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, perçue par certains comme un élément déstabilisateur du commandement de la police, les rapports se sont détériorés parmi les membres du CSPN.
Mario Andresol, connu pour son professionnalisme et ses résultats comme ex-DG de la PNH, est nommé sans attributions spécifiques par le PM Fils-Aimé face à un Directeur Général de la PNH qui serait sous l’influence de certains membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Selon nos sources, des membres du CPT ont garanti à Rameau Normil son maintien à son poste.
Cette confusion d’autorités expliquerait, selon les observateurs, les frustrations répétées du Premier ministre face aux résultats jugés insuffisants de la police qui, pourtant, était en train de faire preuve d’une meilleure efficacité ces derniers temps.
En effet, la PNH a réalisé des coups de filet qui ont été grandement appréciés par l’opinion, mais cela n’a pas suffi à prévenir l’attaque à Kenscoff qui aurait fait au moins 40 morts en début de cette semaine.
La persistance des attaques des gangs et la lenteur dans les ripostes du haut commandement de la police montrent bien que les défis restent immenses et que le temps est venu que les ressorts de sécurité s’harmonisent au lieu de se distordre au bénéfice des bandes armées. L’arrivée de Mario Andresol aurait dû renforcer l’agilité et la cohésion au sein de la police et non le contraire.
En attendant, le Premier ministre semble déterminé à intensifier la pression et réclamer des résultats positifs dans la gestion des opérations sécuritaires. Il a conclu son point de presse en compagnie des membres du CSPN (Ministres Justice, Intérieur, Chef de la Police) dans le ton en exigeant la sécurité et encore la Sécurité. Telle est sa mission première, dit-il. Il faut rétablir la paix et la tranquillité afin d’arriver dans le délai à la réalisation des élections.
Didier Fils-Aimé ayant eu, le même jour, plusieurs rencontres avec les membres des Nations Unies et du corps diplomatique sur la thématique Sécurité et Elections a tenu aussi à montrer qu’il reste fidèle à ses promesses et à ses engagements.
La question qui se pose maintenant est de savoir si le gouvernement pourra imposer sa vision sécuritaire à une PNH accrochée à sa propre stratégie ou sera t-il question purement et simplement d’opérer des changements à la tête de la PNH en quête de résultats plus concrets.
La rédaction