Alors que le président dominicain Luis Abinader s’apprête à rencontrer le sénateur américain Marco Rubio, l’un des sujets clés à l’ordre du jour sera l’exploitation des terres rares en République Dominicaine. Mais derrière cette discussion sur les ressources stratégiques, c’est aussi la question du développement de Pedernales, région frontalière avec Haïti, qui sera abordée. Pendant ce temps, l’État haïtien reste silencieux, alors que ces terres sont situées à la frontière des deux pays et pourraient représenter une opportunité économique majeure pour Port-au-Prince.
Les Terres Rares et les intérêts américains
Les terres rares, essentielles dans la fabrication des technologies avancées, sont des éléments stratégiques dont les États-Unis manquent cruellement. Avec la découverte de gisements en République Dominicaine, Washington voit une opportunité de diversifier ses sources d’approvisionnement, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis de la Chine.
Le gouvernement dominicain, en collaboration avec le Cuerpo de Ingenieros del Ejército de los Estados Unidos, a déjà lancé des explorations pour évaluer la rentabilité de ces gisements. L’objectif est d’attirer des investissements et de positionner le pays comme un fournisseur clé pour les industries américaines.
Pedernales : une terre riche en opportunités
Mais la question des terres rares s’inscrit aussi dans une stratégie plus large de développement de la région de Pedernales, à la frontière haïtienne. Abinader a signé plusieurs décrets pour transformer la région en un pôle touristique et économique, facilitant les investissements étrangers et renforçant la présence de l’État dominicain dans cette zone stratégique.
Ce projet, qui bénéficie d’un soutien américain indirect, vise également à contrôler la frontière avec Haïti et à limiter l’immigration clandestine. En attirant des investisseurs et en développant des infrastructures modernes, la République Dominicaine cherche à consolider son emprise sur cette région, tout en s’assurant que les bénéfices économiques reviennent principalement à son économie.
Haïti : une absence inexplicable
Face à ces grandes manœuvres, Haïti brille par son absence. Pourtant, la géologie du pays est similaire à celle de la République Dominicaine, et il est probable que des gisements de terres rares ou d’autres minerais stratégiques s’y trouvent également.
Mais aucune initiative sérieuse n’a été lancée par les autorités haïtiennes pour explorer ces ressources. Alors que la République Dominicaine négocie avec Washington et attire les capitaux étrangers, Haïti ne semble même pas chercher à se positionner sur ces questions stratégiques.
De plus, alors que Pedernales se développe à grande vitesse sous l’impulsion de Santo Domingo, les régions haïtiennes frontalières restent à l’abandon, sans plan de développement, sans investissements et livrées à l’insécurité.
Une opportunité manquée pour Haïti
La rencontre entre Rubio et Abinader illustre une fois de plus le contraste entre les deux pays. D’un côté, la République Dominicaine avance ses pions sur l’échiquier économique et géopolitique, cherchant à maximiser l’exploitation de ses ressources et à renforcer ses alliances stratégiques. De l’autre, Haïti reste figée, sans politique claire pour tirer profit des opportunités offertes par sa position et ses ressources naturelles potentielles.
Si cette inaction persiste, Haïti risque non seulement de perdre un avantage économique majeur, mais aussi de se retrouver progressivement marginalisée dans une région où les grandes puissances, comme les États-Unis, cherchent à sécuriser leurs approvisionnements stratégiques.
La rédaction