À la veille de céder son mandat à Fritz Alphonse Jean, Leslie Voltaire a déclaré sur X que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) “a instruit le Premier ministre de recueillir et d’examiner toutes les preuves disponibles contre les personnes sanctionnées par le Canada, les États-Unis et les Nations unies, pour leur rôle présumé dans la déstabilisation d’Haïti”. Cependant, il a gardé le silence sur les personnes sanctionnées par la République Dominicaine qui a visé aussi des dirigeants d’organismes des droits humains, des professionnels et des figures politiques.
Une déclaration qui, dans un autre contexte, aurait été favorablement accueillie par les sanctionnés eux-mêmes. Ces derniers, depuis plusieurs années, n’ont cessé de réclamer des preuves, notamment du Canada. Des preuves que le gouvernement Justin Trudeau, aujourd’hui PM démissionnaire et la cible de Donald Trump, est jusqu’à date incapable de fournir.
Cependant, cette déclaration de Voltaire vient comme un cheveu sur la soupe. Personne ne l’a vu venir, de Voltaire qui est allé déposer une gerbe de fleurs au Vatican au pied de la Notre Dame du Perpétuel Secours aux frais de l’État Haïtien et qui a ensuite déclaré que les gangs sont l’œuvre du président Michel Martelly tirant un trait sur les différents massacres et apologies qui ont lieu sous le règne de Fanmi Lavalas.
Aujourd’hui, ce message lié aux sanctions publié sur le compte X de Leslie Voltaire suscite un nouvel l’intérêt.
Qu’impliquent donc les déclarations de Voltaire dans ce contexte où les torchons brulent entre le CPT et la Primature ? Est-ce un réel désir de relever la justice haïtienne ? Quelle est la portée réelle de cette déclaration quand il est clair aujourd’hui que les sanctions sont une arme diplomatique contre une personne ou un pays dépendant des intérêts politiques ou économiques en jeu ? Pourquoi maintenant cette déclaration ?
Qui sont les membres du CPT qui ont exigé cette instruction ? Voltaire veut-il piéger le PM Alix Didier Fils-Aimé, supporté par le secteur privé comptant plusieurs personnalités sanctionnées.
Aujourd’hui, dans cette analyse, nous nous proposons de mettre des éléments sur la table pour déceler les motivations du CPT, de Voltaire et aussi celles de la Primature s’il y en a. Une véritable étude de cas.
Friction entre le CPT et la Primature sur un nouveau leadership à la tête de la PNH
S’il y avait des doutes lors de l’installation de Mario Andrésol comme Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, les dernières déclarations du PM Didier Fils-Aimé ont montré les évidences de la friction entre la Primature et le DG ai de la PNH, Rameau Normil. Le PM a clairement montré sa frustration, dans un point de presse à la DGPNH, devant le fait que la PNH ne prenait pas de dispositions pour contrer les bandits armés quand elle a été informée et a reçu les matériels demandés.
Un virulent point de presse qui devait entraîner la chute de Rameau Normil selon des observateurs, mais ce dernier est un favori du successeur Fritz Alphonse Jean selon nos sources au CPT. Le poste du DG est garanti par le prochain président du CPT qui tarde à prouver son leadership au secteur privé pour lequel il travaillait dans le passé et aussi à l’équipe de Montana, allié du secteur privé.
Alors quand Leslie Voltaire a déclaré que le CPT a instruit le PM Didier Fils-Aimé sur le dossier des sanctionnés, on se demande s’il ne s’agit pas d’une stratégie pour fragiliser le PM dans son propre secteur. Une note du Ministre de la Justice, Me Patrick Pélissier pour informer que l’État s’est saisi du dossier des sanctionnés aurait pu avoir un plus grand impact dans une réelle quête de justice et d’autorité publique. Les Ex-Ministres de la Justice Emmelie Prophète et Carlos Hercules avaient informé avoir, en vain, écrit au Canada et aux Américains pour les dossiers et les faits éventuels reprochés à ces Haïtiens.
Pourquoi l’avoir fait ainsi, Pourquoi maintenant, Qui du CPT a donné son aval ?
On se demande si Laurent Saint-Cyr, représentant du secteur privé, aurait donné son approbation dans ce dossier dans lequel son secteur a préféré faire le mort pour se faire oublier.
Qui sont les patrons de Laurent Saint-Cyr ? Fils du groupe Rébo / AIC Assurance, les patrons de Laurent Saint-Cyr sont également à la tête de la Banque de l’Union Haïtienne,S.A. La BUH a aussi les DEEB parmi ses plus grands actionnaires.
Laurent aurait-il exigé une enquête sur Reynold DEEB, sanctionné par le CANADA ? Leslie Voltaire veut-il compliquer les relations entre la Famille Deeb et le PM Fils-Aimé ?
Que cherche le CPT ? Que souhaite Leslie Voltaire ?
Leslie Voltaire représentant de Fanmi Lavalas a, par cette initiative, pointé du doigt les grands bienfaiteurs du Parti de Jean Bertrand Aristide. Il réclame donc une enquête sur Jean Marie Vorbe, allié fidèle de Titid, dont l’entreprise exécute actuellement plusieurs projets majeurs de construction et d’infrastructures routières sous la supervision du ministère des Travaux Publics Transports et communications, dirigé par le ministre Lavalas Raphaël Hosty.
Pourquoi une fois de plus, Voltaire insiste maladroitement pour réveiller le passé macabre de Fanmi Lavalas et de Jean Bertrand Aristide combattus ardemment par Andy Apaid.
Des parlementaires sanctionnés proches du CPT
Quoique le principe de présomption d’innocence soit la règle, mais, tel que le tweet est formulé, on peut déceler déjà un jugement de Voltaire.
Une incohérence plane quand des personnalités du secteur privé et des parlementaires sanctionnés par le Canada et les Etats-Unis sont réputés proches du CPT soit directement, soit indirectement à travers les parties prenantes qui ont nommé les neuf présidents-conseillers.
PHTK, EDE : les mobiles de Edgar Leblanc et de Smith Augustin
On se questionne aussi sur les mobiles d’Edgard Leblanc qui aurait exigé cette instruction quand on sait qu’il représente le Collectif 30 janvier dans lequel siège le PHTK, le parti de Joseph Michel Martelly.
Quid des sanctions de la République Dominicaine
Si les tensions entre EDE de Claude Joseph et Smith Augustin du CPT auraient pu être compréhensibles, s’agissant d’une enquête en règle sur l’ex-Ministre des Affaires Étrangères et PM à.i, on se demande pourquoi Voltaire n’a pas fait cas des sanctions de la République Dominicaine.
En effet, la République Dominicaine a sanctionné et a déclaré persona non grata dès le départ Claude Joseph à côté des bandits notoires du pays, ensuite dans une autre liste Pierre Espérance directeur de l’organisme de droits humains RNDDH, Widline Pierre, et les sénateurs Jacques Sauveur Jean et Wanique Pierre.
Cette amnésie motivée ou cette fixation sélective du CPT ou de Leslie Voltaire invite à se demander s’il évite le courroux de certaines personnalités sanctionnées par la République Dominicaine telle l’activiste Pierre Espérance.
Comment les sanctions ont fragilisé le secteur des affaires en Haïti
Dans les premiers articles, notre journal a montré comment les sanctions ont fragilisé le secteur bancaire, notamment la SOGEBANK, la UNIBANK et la BUH. Les actionnaires de ces banques, l’Association Professionnelle de Banques (APB) et la Banque de la République d’Haïti (BRH) ont dû recourir à de fins et complexes montages pour sauver le système bancaire haïtien.
Des professionnels et des hommes d’affaires ont perdu en un jour d’importants contrats et des opportunités d’emplois pour Haïti. À chaque minute, ils flirtent avec la faillite et l’isolement, redéfinissant la vie de ces individus qui ont été privés des preuves les condamnant, dépouillés du droit de recourir à la justice et aux services des organismes de droits humains universels.
Une déclaration sérieuse ou pour la galerie ?
Comment l’illustre Leslie Voltaire peut-il réveiller, à cet instant, les suspicions autour de Carl Braun, figure de proue de la UNIBANK, quand il est en train de négocier, pour le compte du Ministère de la Défense, un achat de terrain de 20 millions de dollars, surfacturé, selon plus d’un. Une information que nous avons confirmée auprès d’une source du gouvernement devant l’ampleur de ce scandale à nul autre pareil.
Quel serait l’intérêt de Leslie Voltaire voire du CPT dans sa majorité 5/7 pour déclencher, sans nuance, le dossier des sanctions à ce carrefour où le Président américain Donald Trump n’a pas jugé bon de prendre contact avec les dirigeants haïtiens lorsque son Secrétaire d’Etat, Marco Rubio, s’est rendu en République Dominicaine et avait déclaré que le CPT n’a pas de pouvoir légitime.
Des motivations qui ne s’expliquent pas
Qu’elle soit sérieuse ou fantaisiste, cette déclaration de Leslie Voltaire annonce déjà les couleurs pour l’avenir du trio Fritz Alphonse Jean, PM Alix Didier Film-Aimé, Rameau Normil dans une géopolitique où Haïti est de plus en plus isolée.
Le dernier tour de table du CPT sera pour Laurent Saint-Cyr du secteur privé. Devrait-on déjà anticiper ici que les déclarations de Leslie Voltaire ont été faites aussi dans l’objectif de miner le terrain du Secteur Privé qui doit réaliser les prochaines élections hypothétiques prévues pour la fin de l’année.
Un véritable kaléidoscope où tout parait possible.
La rédaction