Saint-Domingue, le 3 mars 2025 – Le président dominicain Luis Abinader a justifié sa récente décision de classer les gangs criminels haïtiens comme organisations terroristes si l’un de leurs membres est arrêté en République dominicaine.
S’exprimant lors de son point de presse hebdomadaire, LA Semanal con la prensa, le chef de l’État Dominicain a affirmé la nécessité de disposer d’une base légale permettant d’agir contre ces individus impliqués dans des actes terroristes en Haïti. “Si nous découvrons ici en République dominicaine une de ces personnes qui ont commis du terrorisme dans ce pays… nous devons avoir un cadre juridique pour les traduire en justice. Mon seul engagement est la sécurité du peuple dominicain”, a-t-il déclaré.
Abinader a rappelé que ces groupes criminels sont responsables d’attaques contre des avions civils, un acte qui, selon lui, relève du terrorisme.
Cette décision a été officiellement annoncée jeudi dernier, lors de son discours de rendition de comptes, où il a averti que “toute personne appartenant à l’un de ces gangs qui entre sur le territoire dominicain sera poursuivie, arrêtée et jugée sous les lois antiterroristes de notre pays”.
Une décision floue qui suscite des inquiétudes
Si cette mesure vise officiellement à protéger la République dominicaine contre l’infiltration de criminels en provenance d’Haïti, plusieurs zones d’ombre subsistent. Le gouvernement dominicain n’a pas précisé quels groupes criminels sont concernés par cette classification, laissant place à une large interprétation des forces de l’ordre.
De plus, les pratiques des autorités migratoires dominicaines suscitent des préoccupations, car des personnes sont souvent arrêtées et catégorisées comme membres de gangs uniquement sur la base de leur apparence. Le port de tatouages, de piercings ou de dreadlocks est fréquemment associé à la criminalité, ce qui alimente un risque élevé de profilage racial et de discrimination.
Cette approche soulève des questions sur les droits des migrants haïtiens et des Dominicains d’ascendance haïtienne, qui pourraient être ciblés arbitrairement. Le manque de transparence sur les critères d’identification des gangs et l’application des lois antiterroristes pourrait conduire à des abus, renforçant ainsi les tensions entre les deux pays et l’isolement d’Haïti.
Une fois de plus, la diplomatie haïtienne est silencieuse, indifférente au sort des haïtiens et de sa diaspora.
La rédaction