New York, 21 avril 2025 – Dans une allocution empreinte d’urgence devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, Maria Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti et cheffe du BINUH, a dressé un tableau sombre de la situation actuelle en Haïti. Elle a averti que le pays s’approche d’un point de non-retour, face à une spirale de violence alimentée par des gangs de plus en plus organisés et puissants.
1. Une dégradation sécuritaire sans précédent
Depuis janvier, les groupes criminels armés ont étendu leur emprise sur des zones jusque-là épargnées comme Delmas, Pétion-Ville, Kenscoff et même Mirebalais dénonce la cheffe du Binuh. Ce dernier assaut s’est soldé par une évasion massive de plus de 500 détenus, marquant la cinquième évasion en moins d’un an.
« La Police nationale haïtienne est dépassée, même avec l’appui des Forces armées et de la Mission multinationale de soutien à la sécurité », a déclaré Mme Salvador.
Entre février et mars, plus de 1 000 morts ont été recensés, 60 000 nouveaux déplacés, s’ajoutant au million de déplacés internes déjà enregistrés en 2024.
2. Un État au bord de l’effondrement
Face à l’impuissance des institutions, les citoyens s’organisent pour défendre leurs quartiers. Des manifestations massives ont récemment eu lieu, tandis que certains acteurs politiques instrumentalisent la crise pour contester l’autorité en place.
3. Un appel ferme à la communauté internationale
Mme Salvador insiste : le soutien international n’est plus un choix, c’est une nécessité vitale. Elle exhorte tous les États membres à renforcer urgemment leur appui à la Mission multinationale et à appliquer rigoureusement l’embargo sur les armes, en alimentant la liste des sanctions de l’ONU.
« Sans une aide rapide, concrète et décisive, Haïti risque de basculer dans un chaos total. »
4. Progrès politiques fragiles mais notables
Malgré le chaos, certains pas ont été franchis :
-
Le Conseil présidentiel de transition, dirigé par Fritz Jean, confirme l’objectif d’élections d’ici février 2026.
-
Le Conseil électoral provisoire et le Comité de pilotage de la Conférence nationale poursuivent les consultations.
-
Un décret a été signé pour créer des unités judiciaires spécialisées dans les crimes financiers, les crimes graves et la lutte contre la corruption.
5. Des avancées à soutenir
Le BINUH collabore avec la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et réintégration, et accompagne la rédaction d’une loi sur les armes et munitions. Un plan national de réduction de la violence communautaire est aussi en gestation.
6. Un système humanitaire au bord de la rupture
Choléra, violence basée sur le genre, fermetures d’écoles et de centres de santé : les défis humanitaires sont immenses. Plus de 900 écoles sont fermées dans la capitale. Mme Salvador lance un appel pressant au financement du Plan de réponse humanitaire 2025.
Conclusion : “Justice is a system”
Pour la cheffe du BINUH, le temps est compté. Il faut unité, stratégie, équipement, leadership civil et international, si l’on veut éviter un effondrement irréversible.
« Le peuple haïtien a besoin d’un signal clair : qu’il n’est pas abandonné. »
Cependant, il faut se rappeler aussi le dernier rapport du BINUH, qui soulignait déjà les retards répétés dans les réponses de la PNH, malgré les alertes récurrentes. Le rapport dénonçait également un grave déficit de coordination entre la Police nationale, le Conseil présidentiel de transition et la Primature, une désarticulation structurelle qui continue de compromettre toute initiative de sécurisation durable.
La rédaction