Une cargaison d’armes et de munitions en provenance de Miami, en transit par la République Dominicaine, a été officiellement saisie par les autorités dominicaines, qui ont rendu l’information publique en diffusant des images montrant des fusils d’assaut, des pistolets et des munitions. Cette cargaison devait, selon toute vraisemblance, franchir la frontière par le point de Belladère pour pénétrer en Haïti.
Le manifeste officiel de la cargaison AMLU45522100
D’après le Bill of Lading (AMLU1020250300) du 13 février 2025, consulté par Le Quotidien 509, la cargaison a été expédiée par Eugenio Trading, une entreprise basée à Miami, et était destinée à Senat Quitho, domicilié au 63 Rue Myrthil, Belladère, Haïti. Maximino Pérez, un Dominicain, est chargé du transit. Selon nos sources, Senat Quitho est le responsable d’un hôtel à Belladère.
Le Bill of Lading indique que la cargaison, transportée par Antillean Marine Shipping Corp., était enregistrée sous un manifeste officiel mentionnant les éléments suivants :
- 134 pièces au total
- 28 bicyclettes usagées
- 14 pneus usagés
- 10 lits usagés
- 10 matelas usagés
- 15 réfrigérateurs usagés
- 19 meubles usagés
Le transit des armes en République dominicaine
La saisie a eu lieu le 4 mars 2025 au port de Haina, près de Santo Domingo. L’opération, menée par la Direction Générale des Douanes (DGA) en coordination avec le bureau du procureur général, a révélé la présence des éléments suivants dans le conteneur :
- 36 000 cartouches de munitions de différents calibres
- 18 chargeurs de fusils
- 13 chargeurs de pistolet 9 mm
- Un chargeur de calibre 50
- Un silencieux
- Une boîte de pistolet
- 23 armes à feu, dont :
- Des fusils de gros calibre, notamment un Barrett de calibre 50
- Des pistolets Glock 9 mm
- Une mitraillette Uzi
Le média Dominicain Diario Libre mentionne aussi un autre BL AMLU45522100 reliant la société Eugenio Trading l’entreprise de Urbano Eugenio García et le Dominicain Maximino Pérez Berigüete.
Les autorités dominicaines ont utilisé des scanners à rayons X pour identifier la cargaison dissimulée. Cette saisie intervient dans un contexte où plusieurs affaires similaires ont été signalées, notamment la confiscation de 37 armes en février 2025 dans un conteneur provenant de Brooklyn, New York.
Un réseau impliquant des personnalités haïtiennes et dominicaines
L’affaire prend une tournure encore plus préoccupante avec des ramifications en Haïti.
Une vidéo amateur devenue virale sur les réseaux sociaux montre le Délégué Départemental, représentant du pouvoir exécutif dans le Centre, déclarant qu’il s’était rendu à la Douane pour poursuivre une enquête, accompagné du Directeur Départemental de la Police Nationale. Dans cette séquence, le Délégué affirme que le Directeur Régional des Douanes Ronald Nocia aurait “préféré disparaître” au moment de leur visite, refusant ainsi la rencontre.
Selon des sources locales, le syndicat des transporteurs (Trans-Bell) par l’intermédiaire de son représentant aurait demandé au directeur de la douane de faciliter le passage des conteneurs conformément à leur manifeste. Plusieurs conteneurs auraient ainsi quitté la douane de Belladère en toute légalité, sans inspection approfondie. Une simple routine, car la douane de Belladère reçoit régulièrement des conteneurs transités en République dominicaine.
Le chef du syndicat des transporteurs, Pierre Crelex connu sous le nom de TiPapi, a été arrêté par la police haïtienne.
Un haut fonctionnaire dominicain dans la tourmente
Le Bill of Lading de cette cargaison controversée porte le nom de Maximino Pérez, un Dominicain chargé du transit. Jusqu’à son arrestation, Maximino Pérez Berigüete travaillait comme inspecteur à la Direction de Contrôle des Boissons Alcoolisées (COBA), une entité relevant du ministère de l’Intérieur et de la Police en République dominicaine.
Dans un communiqué publié sur le réseau social X, les services de l’Intérieur et de la Police ont confirmé que Maximino Pérez était employé par l’État dominicain du 1er décembre 2020 au 28 février 2025. Son implication dans le transport de cet arsenal de guerre à destination d’Haïti soulève des questions sur les complicités internes au sein des administrations dominicaine et haïtienne.
Une affaire aux lourdes conséquences diplomatiques et sécuritaires
Cette nouvelle saisie d’armes rappelle drôlement, le scandale d’armes détournées au niveau de Mirebalais-Saut ‘Eau, l’année dernière, ayant appartenu au chef de gang de village de Dieu dénommé Izo. Les informations continues dans ce manifeste nous invite aussi à nous demander si l’Etat Haïtien a réellement une volonté de combattre l’insécurité et de freiner le trafic d’armes à destination d’Haïti.
De plus, quelle technologie utilise Haïti pour détecter les armes et autres substances illicites qui traversent les frontières ?
Ce Bill of Lading confirme que le trafic d’armes n’est pas un phénomène abstrait ou anonyme. Chaque cargaison identifiée (par la République Dominicaine) est accompagnée de documents, d’identités, de coordonnées précises – autant d’éléments rarement exploités ou exposés dans les enquêtes haïtiennes. Cette saisie n’est qu’un exemple parmi plusieurs autres signalements récents concernant des arrivages suspects sur la même frontière haïtiano-dominicaine. Plusieurs cargaisons auraient fait l’objet d’enquêtes – parfois entamées, souvent suspendues – sans communication claire à la population.
Le Quotidien 509 lance un appel à l’État haïtien, aux autorités dominicaines et américaines : il est temps de traiter ce dossier avec le sérieux qu’il mérite. Le trafic d’armes et de munitions est l’épicentre du chaos qui dévaste Haïti, et la majorité des transactions passent par des circuits et des noms désormais identifiables. Briser le silence, c’est le début de la solution. Le peuple haïtien mérite la vérité. Il mérite aussi que justice soit faite.
La rédaction