Le Protecteur du citoyen, Me Jean Wilner Morin, a interpellé ce lundi ses homologues du continent américain sur la situation des ressortissants haïtiens en République dominicaine. Prenant la parole lors de la 38e conférence annuelle de la GANHRI à Genève, en Suisse, il a souligné que les Haïtiens doivent être traités avec dignité, même en cas d’application stricte des lois dominicaines.
Dans cette perspective, il a demandé aux institutions de protection des droits humains du continent d’exiger du gouvernement dominicain qu’il respecte les droits fondamentaux des ressortissants haïtiens. Il a également mis en lumière la crise sécuritaire qui sévit en Haïti, particulièrement les violences dont sont victimes les femmes et les filles déplacées à cause des attaques des gangs.
L’OPC : Un scandale derrière la façade diplomatique
Si Me Jean Wilner Morin se positionne en défenseur des droits des Haïtiens en République dominicaine, la situation dans son propre pays, notamment au sein de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), soulève de sérieuses préoccupations. Depuis plusieurs mois, l’OPC est devenu un site d’hébergement improvisé pour des centaines de déplacés internes fuyant la violence des gangs.
Cependant, loin d’être un refuge sécurisé, ce centre d’accueil est aujourd’hui le théâtre d’un véritable scandale humanitaire. Les conditions de vie y sont déplorables :
- Manque d’hygiène extrême : Peu de toilettes fonctionnelles, absence d’eau potable et infections généralisées.
- Abus et exploitation : Des jeunes filles y seraient contraintes d’échanger des faveurs sexuelles contre un accès aux douches et aux toilettes.
- Gestion anarchique : Des conflits internes éclatent entre les déplacés et le comité de gestion du site, certains cherchant à monopoliser les ressources.
Un double discours face à la crise
Alors que Me Morin exige des garanties pour les Haïtiens en République dominicaine, il reste silencieux face aux abus au sein de l’OPC, institution qu’il dirige. Comment un Protecteur du citoyen, incapable d’assurer un cadre sécurisé aux déplacés en Haïti, peut-il prétendre défendre les droits humains à l’échelle internationale ?
Sa déclaration à Genève apparaît dès lors comme une posture diplomatique déconnectée de la réalité haïtienne. La question reste posée : Peut-on, réellement, exiger du gouvernement dominicain ce que l’on est incapable d’appliquer chez soi ?
Alors que l’OPC est devenu un centre d’hébergement incontrôlé, la crédibilité du Protecteur du Citoyen est mise à mal. Son discours à Genève, appelant à la dignité et aux droits des Haïtiens à l’étranger, risque d’être perçu comme de la pure démagogie tant qu’il n’aura pas répondu aux graves accusations pesant sur son propre bureau en Haïti.
La rédaction