Le Service National de Police (NPS) a récemment publié un communiqué pour corriger des informations erronées concernant le financement de la Mission Multinationale de Sécurité (MSS) en Haïti. Contrairement aux affirmations selon lesquelles la mission aurait coûté 4,5 milliards de shillings kényans (KShs), le NPS précise que le budget alloué pour l’exercice financier 2024/2025 est de 2,1 milliards de KShs, soit environ 16,2 millions de dollars américains.
Alors que le Service National de Police du Kenya (NPS) assure que le financement de la Mission Multinationale de Sécurité (MSS) en Haïti est entièrement pris en charge par l’ONU, la situation sur le terrain demeure préoccupante. Malgré le déploiement, la violence des gangs continue de s’aggraver, révélant une absence de stratégie claire et de coordination efficace entre la Police Nationale d’Haïti (PNH) et les troupes internationales.
Dans un récent communiqué, le NPS affirme que seuls 7,2 millions de dollars américains (933 millions de KShs) ont été versés à ce jour. Le Kenya insiste sur la transparence des fonds, précisant que toutes les dépenses sont couvertes par le Fonds fiduciaire des Nations Unies.
Cependant, si la gestion financière semble encadrée, le rendement de la mission est loin d’être satisfaisant. Les gangs armés continuent d’étendre leur influence, notamment dans l’Ouest et dans l’Artibonite, mettant à mal les opérations conjointes entre la MSS et la PNH. Le centre-ville de Port-au-Prince, et les quartiers environnants comme Belo (Kenscoff), Morne à Cabri (vers Mirebalais), Turgeau, Pacot, Nazon, …. ont été le théâtre du déchaînement des gangs armés contre la population ces dernières semaines.
Dès le début de la mission, les Républicains aux États-Unis avaient exprimé leur scepticisme face à l’absence d’un plan de sécurité concret. Ils avaient reproché à l’administration Biden un engagement sans stratégie définie, et après un an, leurs inquiétudes semblent se confirmer.
Si certaines opérations conjointes ont été mises en place, les divergences entre les forces locales et internationales entravent leur efficacité. La MSS, dirigée par le Kenya, fait face à un effectif incomplet et à des ressources limitées, tandis que la PNH manque cruellement de moyens pour affronter des groupes lourdement armés. Plusieurs blindés tombent en panne en pleine opération et sont, dès fois, brulés par les gangs.
Les États-Unis, sous l’administration Joe Biden, ont déclaré avoir contribué, en matériels et équipements, à hauteur de 350 millions de dollars américains. De son côté, le Canada a investi en 2024 environ 400 millions de dollars en sécurité en Haïti. En février 2024, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé une enveloppe de 123 millions de dollars, dont 80,5 millions étaient spécifiquement destinés à soutenir le déploiement de la MSS dirigée par le Kenya. En juin 2024, un financement supplémentaire de 5,7 millions de dollars a été acheminé par le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour Haïti afin de soutenir la mission multinationale d’appui à la sécurité (MAS).
De leur côté, les États-Unis avaient initialement contribué à hauteur de 15 millions de dollars au fonds des Nations Unies destiné à financer la MSS. Cependant, en février 2025, ils ont demandé aux Nations Unies de geler leur contribution, invoquant des préoccupations concernant l’efficacité de la mission et la gestion des fonds. Les 13,3 millions restants sont aujourd’hui bloqués aux Nations Unies, selon le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric.
Plusieurs voix appellent maintenant à une transformation de la MSS en une mission de paix de l’ONU, avec un mandat plus large et des ressources accrues. Cependant, sans une coordination plus étroite avec la PNH et une stratégie offensive claire, toute initiative risque de rester inefficace.
Pendant ce temps, la population haïtienne continue de subir la terreur des gangs, tandis que les fonds de l’ONU continuent d’être décaissés sans réel impact sur le terrain. La MSS parviendra-t-elle à renverser la situation ou se dirige-t-on vers un nouvel échec d’intervention internationale en Haïti ?
La rédaction