Dans un communiqué, Canado Technique, Saint-Louis-de-Gonzague, plusieurs établissements congréganistes, privés et universitaires ont annoncé qu’en raison des conditions défavorables, toutes les activités en présentiel seront remplacées par un accompagnement à distance pour le reste de la semaine.
La zone de Pacot, Turgeau, Avenue Christophe et Bois Verna, réputée pour sa concentration d’établissements scolaires et universitaires, a une fois de plus été touchée par l’insécurité. Plusieurs écoles et universités de la zone ont été contraintes de fermer leurs portes.
En Mai 2024, l’agence onusienne OCHA-Haiti a déclaré que près de 900 écoles dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite sont fermées à cause de l’insécurité liée aux activités des groupes armés depuis juillet 2023. Cette situation affecte l’accès à l’éducation de près de 200 000 élèves.
Suspension des activités à l’Université d’État d’Haïti
Dans une note publiée le mercredi 13 mars 2025, la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) a annoncé la suspension de toutes ses activités administratives et académiques en présentiel jusqu’au 31 mars, en raison de l’insécurité grandissante aux abords de l’institution.
L’INAGHEI a également suspendu ses activités en présentiel à partir du 13 mars, bien que certaines activités académiques soient maintenues en ligne ou relocalisées dans des espaces plus sécurisés. L’IERAH a suivi la même démarche.
Quelle est la réponse de l’État face à cette crise ?
Le ministre de l’Éducation, ancien promoteur de l’orchestre Tropicana d’Haïti et professeur émérite, semble dépassé par l’ampleur de la crise. Le Premier ministre Didier, dans un récent tweet, a interpellé le ministre en l’exhortant à :
•Protéger les élèves face à la montée de l’insécurité.
•Mettre en place un accompagnement pour garantir la continuité de l’éducation.
•Promouvoir l’octroi de bourses d’excellence.
•Introduire l’intelligence artificielle dans les salles de classe pour moderniser l’apprentissage.
Cependant, le ministre semble dépassé, devant les multiples défis du système scolaire déjà à multiples vitesses et aussi affecté de plein fouet par l’insécurité.
Un secteur éducatif en péril
L’insécurité actuelle menace directement la qualité de l’éducation et la reconnaissance des établissements scolaires et universitaires haïtiens. Les fonds alloués au ministère de l’Éducation sont considérables, ce qui soulève des questions sur leur gestion. De plus, le nombre d’éducateurs inscrits au budget est le plus élevé de tous les ministères, mais la formation et l’efficacité de ces enseignants restent sujettes à débat.
En parallèle, certaines voix s’élèvent pour dénoncer l’irrégularité du nombre de jours de classe, un problème exacerbé par la situation sécuritaire.
Et c’est pourquoi, de jour en jour, le diplôme haïtien, tant au niveau scolaire qu’au niveau universitaire, est relégué en dernier rang dans les classements internationaux. Les étudiants et élèves qui quittent Haïti pour poursuivre leurs études à l’étranger se heurtent à de nombreuses difficultés pour obtenir, au minimum, une reconnaissance officielle de leur diplôme.
Des fonds considérables, mais où sont les résultats ?
Le ministre de l’Éducation nationale avait reçu un milliard de gourdes pour faciliter l’ouverture des classes. Dans ce contexte, qu’est-ce qui a réellement été fait ? D’autant que plusieurs enseignants ne se sont jamais présentés en salle de classe, et que certaines écoles n’ont même pas pu ouvrir leurs portes cette année à cause de l’insécurité.
Par ailleurs, le budget total du ministère de l’Éducation dépasse 42 milliards de gourdes. Plus que jamais, il est crucial de comprendre comment cette enveloppe est réellement dépensée dans ce contexte sécuritaire.
Un fardeau supplémentaire pour les parents
Pendant ce temps, les parents continuent de payer les mêmes frais de scolarité malgré l’absence de cours en présentiel. De plus, ils doivent désormais investir dans des outils technologiques et éducatifs pour compenser le manque d’enseignement direct. Ceux qui en ont les moyens s’équipent d’ordinateurs, de tablettes ou souscrivent à un abonnement Internet, tandis que d’autres doivent se contenter d’un unique téléphone partagé par toute la famille pour assurer le suivi scolaire.
Un paradoxe criant
Alors que le secteur éducatif est en crise, plusieurs personnalités politiques et gouvernementales assistaient à des cérémonies officielles. Les conseillers-présidents Leslie Voltaire et Smith Augustin, le secrétaire général de la Primature Jacques Marie Francis Gratia, le ministre de l’Intérieur Paul Antoine Bien-Aimé, et d’autres personnalités ont participé, le dimanche 16 mars 2025, à la messe de commémoration des 160 ans du Petit Séminaire Collège Saint-Martial (PSCSM).
La cérémonie s’est tenue à l’Église Saint-Pierre de Pétion-Ville, sous la présidence de Monseigneur Max Leroy Mésidor. Une commémoration douloureuse pour le Petit Séminaire qui a été la cible des bandits l’année dernière et pendant que des milliers d’élèves et d’étudiants ne peuvent même pas se rendre en classe en raison de l’insécurité et du manque de ressources. Les anciens élèves du Petit-Séminaire et des autres établissements scolaires du pays qui sont à la tête du pays, pour l’honneur, devraient donc relever le défi en dehors de leur présence aux célébrations.
La question demeure : quelles mesures concrètes seront prises par les autorités pour garantir un accès sûr et de qualité à l’éducation en Haïti ?
La rédaction