Une nouvelle stratégie de lutte contre les gangs armés est en phase d’expérimentation depuis le 1er mars dernier. Il s’agit de l’utilisation de drones explosifs, largués sur des localités présentées comme des cachettes des bandits appartenant à la coalition « Viv Ansanm ».
Dans une interview accordée à notre journal, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a souligné que cette stratégie a produit certains résultats. Selon lui, le ‘largage’ des drones kamikazes, combiné aux opérations policières menées depuis cette date, aurait causé la mort d’au moins 150 bandits.
Cependant, Pierre Espérance estime que le « Task Force » doit opérer sous la direction de la force publique, la police et l’armée. Il est dangereux, dit-il, qu’il soit sous le contrôle des autorités politiques car ces dernières pourraient, éventuellement, les utiliser contre leurs opposants. Ni le Haut Etat-Major de l’armée, ni le commandement de la police ne seraient aux commandes du « Task Force » et ce n’est pas normal, c’est même dangereux, déplore-t-il.
Le militant des droits humains nous a affirmé qu’il soutient à 100% l’utilisation des drones kamikazes contre les « terroristes ». Ceux qui tuent, incendient des hôpitaux, des églises, des écoles et des maisons, brûlent vifs des citoyens, tirent sur des avions et sont des terroristes. Ils doivent être traités comme tels et tous les moyens sont bons pour les éliminer, affirme Espérance.
Cependant, il pense que des ajustements sont nécessaires dans l’utilisation de ces engins explosifs. Il faut les larguer avec plus de précisions, car, à date, aucun chef de gang n’a été éliminé alors que des frappes ont eu lieu dans leurs fiefs, fait-il remarquer. De plus, il pense qu’une meilleure coordination est essentielle, avec des agents au sol pour prévenir toute fuite des bandits.
Le conseiller-président Emmanuel Vertilaire qui s’était félicité de la mise en place du « Task Force » est issu d’un parti politique, PITIT Dessalines, que Pierre Espérance présente comme un allié de « Viv Ansanm ».
De plus, avec ses collègues Louis Gérald Gilles et Smith Augustin, il est impliqué dans un vaste scandale de corruption à la Banque Nationale de Crédit. Il n’a aucune crédibilité pour siéger au CPT. Il faut les écarter tous les trois, si on veut sauver la transition, dit-il, estimant qu’il n’y a aucune possibilité que les élections se tiennent cette année.
Pierre Espérance plaide aussi en faveur des changements au gouvernement et cible en particulier les ministères de l’Intérieur et de la Justice.
Par ailleurs, le numéro un du RNDDH met en garde contre toute récupération politique des manifestations contre l’insécurité, en référence à la manifestation de ce mercredi. Ils ne doivent pas se laisser infiltrer.
Un retour de Guy Philippe, ex-commissaire de police et ex-sénateur élu mais qui a été emprisonné aux Etats-Unis pour trafic de drogue, n’est pas le bienvenu, dit-il, se prononçant contre toute solution « cosmétique» à la crise sécuritaire.
La Rédaction