La semaine prochaine, Marco Rubio, Secrétaire d’État des États-Unis, entamera sa première visite officielle dans les Caraïbes, une tournée de trois nations qui inclura la Jamaïque, la Guyane et le Suriname. Cette visite, dans un contexte de tensions croissantes en Haïti et dans la région, représente une étape clé pour Rubio. Il commencera sa tournée à Kingston, où il rencontrera le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness. Il poursuivra ensuite son voyage en Guyane et au Suriname, où il rencontrera les présidents Mohamed Irfaan Ali et Chandrikapersad « Chan » Santokhi. Une rencontre avec Fritz Alphonse Jean, président du Conseil Présidentiel de la Transition (CPT) d’Haïti, est également prévue, probablement lors de la première escale en Jamaïque, selon Le Nouvelliste.
Bien que Rubio ne se rende pas directement en Haïti, les dirigeants de la région, notamment la Première ministre de la Barbade Mia Mottley et le président de Trinidad-et-Tobago Stuart Young, s’attendent à des discussions sur les préoccupations sécuritaires et migratoires, avec une attention particulière portée à la situation désastreuse en Haïti.
Rubio, traditionnellement favorable à la République Dominicaine, a régulièrement exprimé des positions fermes face à l’instabilité haïtienne et n’a pas hésité à critiquer les élites politiques haïtiennes. De plus, il soutient des mesures strictes concernant l’immigration en provenance d’Haïti, ce qui met en lumière les défis économiques et sociaux du pays sur la scène internationale. Le mois dernier, lors d’une visite en République Dominicaine, Rubio a discuté de questions économiques, notamment des terres rares, et a évoqué la levée de l’interdiction d’exportation du sucre dominicain vers les États-Unis, une décision saluée récemment par l’administration Trump.
En avril 2024, Rubio a également réaffirmé son soutien à l’armement des forces armées haïtiennes (FAd’H). Il a plaidé pour une levée de l’embargo sur les armes à destination des FAd’H, estimant que cela renforcerait leur capacité à lutter contre les gangs armés qui déstabilisent le pays. Rubio considère que soutenir les FAd’H, en collaboration avec la Police nationale d’Haïti, est un élément clé pour améliorer la sécurité nationale.
Quel Agenda pour Fritz Alphonse Jean ?
Pour Fritz Alphonse Jean, cette rencontre pourrait se réduire à une « dictée » des États-Unis, où les attentes seront claires : une gestion plus efficace de la crise haïtienne et des efforts pour assurer la sécurité et la stabilité. Rubio pourrait insister sur la nécessité de réformes en Haïti et sur une coopération renforcée avec ses voisins, notamment la République Dominicaine, un acteur clé dans les discussions sur la migration et la sécurité régionale. L’immigration haïtienne vers les États-Unis, la fermeture des frontières et les flux migratoires incontrôlés seront sans doute des points de pression supplémentaires dans les échanges.
Cette rencontre pourrait être l’occasion pour Rubio de renforcer l’influence des États-Unis sur la gestion de la crise en Haïti. Cependant, Fritz Alphonse Jean devra veiller à préserver la souveraineté d’Haïti tout en répondant aux attentes internationales pour une gouvernance plus responsable et des réformes internes indispensables.
La « dictée » des États-Unis pourrait donc se limiter à des exigences sur des réformes structurelles et constitutionnelles, tout en restant un test pour la capacité d’Haïti à naviguer entre ses besoins internes et la pression internationale.
La rédaction