Lundi 31 mars, un juge fédéral de San Francisco a bloqué la révocation des protections contre l’expulsion pour des centaines de milliers de Vénézuéliens, quelques jours seulement avant l’expiration de leur droit de séjour et de travail aux États-Unis, initialement prévue pour le 7 avril.
Le juge Chen a dénoncé l’utilisation de généralisations négatives et de stéréotypes par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, dans sa décision de révoquer les permis de travail et les protections contre l’expulsion pour environ 350 000 Vénézuéliens sous le statut de TPS. Il a qualifié cette approche de « classique exemple de racisme » dans un document de 78 pages.
Dans un cas présenté par la Alianza Nacional TPS, un groupe militant pour les droits des migrants, la décision du juge Chen a permis de suspendre l’annulation du TPS, évitant ainsi une crise imminente pour les bénéficiaires vénézuéliens. « Le tribunal considère que la décision de la secrétaire menace de causer un dommage irréparable à des centaines de milliers de personnes, dont la vie, la famille et les moyens de subsistance seraient gravement perturbés. Elle coûterait également des milliards en activité économique aux États-Unis et nuirait à la santé et à la sécurité publiques dans les communautés à travers le pays », indique le jugement.
Le juge Chen a également mis en avant des preuves démontrant une intention discriminatoire de la part de Noem, avec un lien direct aux actions et déclarations de Donald Trump. Il a cité plusieurs remarques discriminatoires faites par l’ancien président, non seulement envers les Vénézuéliens et les bénéficiaires du TPS, mais aussi envers d’autres immigrants non blancs. Parmi ces déclarations, Trump avait affirmé que les immigrés haïtiens à Springfield, Ohio, « mangeaient les chiens » et avait tenu des propos méprisants sur les Vénézuéliens et d’autres immigrés, les accusant d’augmenter la criminalité.
Une réaction haïtienne absente
Toutefois, malgré ce revers judiciaire, l’administration Trump maintient son cap et a annoncé la fin du statut temporaire de 530 000 migrants provenant de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela dans le cadre du programme BIDEN. Cette décision prendra effet le 24 avril et marque un retour en arrière par rapport aux mesures mises en place sous l’administration Biden.
Dans ce contexte, l’absence de réaction du gouvernement haïtien est frappante. Alors que des milliers de ses citoyens risquent d’être expulsés et de se retrouver dans une situation de précarité extrême, aucune déclaration officielle n’a été faite par les autorités haïtiennes. Ce silence renforce le sentiment d’abandon parmi les migrants haïtiens, qui espéraient un minimum de soutien de la part de leur gouvernement.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui est en charge de la diplomatie haïtienne, semble totalement passif face à cette crise imminente. Alors que d’autres nations touchées, comme le Venezuela et Cuba, cherchent activement des solutions ou au moins expriment des protestations, Haïti reste muet. Ce manque de leadership diplomatique est un nouvel échec pour le CPT, qui prouve une fois de plus son incapacité à défendre les intérêts de la population haïtienne sur la scène internationale.
Vers un abandon total des migrants haïtiens?
Si le gouvernement haïtien ne se mobilise pas rapidement, des milliers d’Haïtiens risquent de se retrouver dans une situation catastrophique. L’absence de réaction du CPT et du ministère des Affaires étrangères envoie un signal clair : les Haïtiens de la diaspora ne peuvent pas compter sur leur propre gouvernement pour les défendre.
Il est temps que les autorités haïtiennes prennent leurs responsabilités. Une diplomatie efficace ne se limite pas à des voyages, des discours creux ou à des réunions symboliques, mais exige une action concrète et une véritable volonté politique. Le silence du CPT est inacceptable et constitue une trahison envers les citoyens haïtiens à l’étranger.
La rédaction