Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) continue de prétendre vouloir éradiquer l’insécurité en Haïti. Pourtant, derrière les discours et les annonces officielles, la situation du pays ne fait qu’empirer.
Ce 3 avril 2025, le Président du CPT, Fritz Alphonse Jean, entouré des autres Conseillers-Présidents, du gouvernement et des responsables sécuritaires, a renouvelé une fois de plus son engagement envers la population. Mais au-delà des discours, quelles actions concrètes ont été mises en place ?
Cette date marque aussi un an depuis que le CPT a lui-même mis de côté l’accord sous-seing privé entre ses représentants et les parties prenantes le 3 avril 2024 après les engagements du 11 mars 2024 pris (via videoconférence) à la Jamaïque sous l’égide de la CARICOM. En un an, Haïti a connu trois Présidents du CPT (Edgard Leblanc, Leslie Voltaire et aujourd’hui Fritz Jean), deux Premiers ministres (Garry Conille et aujourd’hui Didier Fils-Aimé) et deux directeurs généraux de la PNH (Frantz Elbé et aujourd’hui Rameau Normil).
Un modèle de gouvernance voué à l’échec
L’histoire retiendra l’implication de la CARICOM, de l’ONU et du Core Group, notamment des États-Unis, du Canada et de la France, qui ont imposé ou soutenu un modèle atypique de transition politique sans légitimité populaire et sans véritable plan d’actions. Comment espérer des résultats dans une crise sécuritaire aussi grave avec un leadership aussi instable et incohérent ?
Un Conseil marqué par l’opacité et des doutes sur sa légitimité
Le CPT est composé de neuf membres issus de différentes tendances politiques et de la société civile :
• Fritz Alphonse Jean – Représentant de l’Accord de Montana
• Leslie Voltaire – Représentant de Fanmi Lavalas
• Edgard Leblanc Fils – Représentant du Collectif du 30 janvier
• Louis Gérald Gilles – Représentant de l’Accord du 21 octobre
• Smith Augustin – Représentant de EDE/RED/Compromis Historique
• Emmanuel Vertilaire – Représentant de Pitit Desalin
• Régine Abraham – Représentante du secteur interfoi REN
• Frinel Joseph – Représentant de la société civile
• Laurent Saint Cyr – Représentant du secteur privé
Mais qui sont réellement ces dirigeants au regard de la loi ? Contrairement aux exigences de transparence, aucun d’eux n’a soumis les pièces administratives justifiant leur éligibilité à ces postes de haute responsabilité, comme l’exigent la Constitution et le décret créant le CPT.
Des soupçons sur leur éligibilité
Des informations circulent sur le fait que certains membres du CPT détiendraient une nationalité étrangère, ce qui pourrait poser un sérieux problème légal.
De plus, Fritz Alphonse Jean, actuel Président du CPT, a-t-il obtenu sa décharge après avoir été Gouverneur de la BRH ? Cette question reste sans réponse.
Pourquoi un Conseil qui prône la transparence et la bonne gouvernance refuse-t-il de se soumettre aux règles élémentaires de l’administration publique ?
Pourquoi autant de doutes planent-ils sur les membres du CPT, alors qu’il s’agit de la plus haute instance de l’État ?
Une mission sécuritaire sans stratégie ni résultats
Alors que les gangs contrôlent la majorité géographique de Port-au-Prince et s’étendent en province, la Mission Multinationale de Sécurité (MMS) peine à montrer son efficacité. Le général kényan Godfrey Otunge, chargé de cette mission, n’a toujours pas présenté de stratégie claire pour endiguer la violence.
Mais s’agit-il de sa responsabilité ?
Au Congrès américain, les Républicains avaient refusé d’approuver l’aide américaine pour la MMS, faute de plan de sécurité détaillé.
Qui contrôle réellement cette mission ? Qui décide des opérations ?
Les centaines de millions de dollars promises pour la lutte contre l’insécurité restent un mystère. Où est passé cet argent ? Où est l’aide internationale promise ?
Pourquoi entend-on toujours le même refrain de manque d’équipement pour la PNH, alors que des fonds ont été mobilisés ? Qui a réalisé l’inventaire et le contrôle de qualité des engins donnés?
Pendant ce temps, les gangs continuent de tuer, kidnapper, violer et terroriser la population. Qui dirige réellement la stratégie de lutte contre les gangs ?
Rameau Normil, un choix politique contesté
Le Directeur général de la PNH, Rameau Normil, s’est rapproché de Fritz Alphonse Jean et Leslie Voltaire selon les sources. Pourtant, son bilan reste extrêmement limité.
Hormis quelques arrestations médiatisées, notamment celles de Magalie Habitant et Victor Prophane, la police ne parvient pas à reprendre le contrôle des zones stratégiques.
Les gangs gagnent du terrain. Aucune stratégie palpable ne se dessine.
La PNH est-elle réellement dirigée ?
La photo du jour restera gravée dans l’histoire. 10 hommes (6 Conseillers Présidents, 1 Premier Ministre, 1DGPNH, 1 DGFADH, 1 Commandant de la Mission multinationale MSSM) et 2 femmes (1 Conseillère Présidente, 1 Secrétaire Générale du Palais National. Absents : Frinel Joseph et Laurent Saint-Cyr.
10 hommes et 2 femmes au visage perplexe, dépassé, avec des mimiques invitant à des interprétations de toute sorte.
Le visage renfrogné du Premier ministre Didier Fils-Aimé rappelle sa dernière conférence de presse où il avait dénoncé publiquement le manque de résultats de la PNH.
Un chef de gouvernement qui stigmatise son propre appareil sécuritaire envoie un message clair : Qui contrôle réellement la PNH ?
Le CPT pilote-t-il encore quelque chose ?
Quel est le véritable plan du CPT ?
Le Conseil Présidentiel affirme vouloir organiser des élections et remettre le pouvoir aux autorités élues en février 2026 (faut-il tenir compte du lapsus linguae de février 2025 pris plutôt pour une dérision ?).
Mais comment croire à ce calendrier alors que le pays est plongé dans un chaos total ?
Fritz Alphonse Jean a-t-il un plan réel pour stabiliser Haïti ?
Ou bien certains Conseillers utilisent-ils leur position pour défendre leurs intérêts politiques et économiques ?
Qui porte le dossier d’Haïti au niveau international ?
Alors que le pays s’enfonce dans une crise sans précédent, qui défend réellement les intérêts d’Haïti à l’international ?
Le CPT tente de sauver les apparences, mais le peuple haïtien attend des réponses.
L’urgence est sérieuse. Haïti est à la dérive, et le temps presse.
La rédaction