Tegucigalpa, 7 avril 2025 — À la veille du IXᵉ Sommet de la CELAC au Honduras (8-9 avril), la présence de Leslie Voltaire, accueilli comme « président du Conseil présidentiel de transition (CPT) » d’Haïti, suscite une onde de choc politique. Alors que l’économiste Fritz Alphonse Jean est président du CPT depuis un mois, c’est Leslie Voltaire qui apparaît en première ligne, en compagnie en plus du ministre des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean Baptiste.
C’est le ministre hondurien des Affaires étrangères, Enrique Reina, qui a officialisé la nouvelle via son compte X :
« C’est un honneur d’accueillir au Honduras […] M. Leslie Voltaire, président du Conseil de transition d’Haïti, et le ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean -Baptiste »
Un voyage tenu sous silence ?
Fait troublant : au moment de la rédaction de cet article (7 avril, 22h30), aucune information officielle n’a été publiée sur les comptes X de la Présidence, ni sur ceux de Leslie Voltaire, du Ministère des Affaires étrangères, ni même du chancelier Jean-Victor Harvel lui-même. Un silence d’autant plus étonnant que Voltaire et Harvel sont habituellement prompts à médiatiser leurs déplacements à l’étranger.
Cette absence de communication pose question : s’agit-il d’un voyage tenu secret ? D’un déplacement improvisé ? Ou pire encore, d’un acte de représentation non concerté avec les autres membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) ? Comment le chancelier Jean-Victor Harvel a-t-il pu planifier un tel déplacement sans clarifier publiquement le statut de Leslie Voltaire, qui, rappelons-le, n’est pas le président légitime du CPT, ce rôle ayant été attribué à Fritz Alphonse Jean ?
Cette situation alimente un malaise croissant au sein du CPT selon nos sources à la VIlla d’Accueil.
Cette démarche rappelle l’épisode de l’ONU en septembre 2024 à New York, où Dominique Dupuy et Garry Conille avaient provoqué un embarras diplomatique retentissant. Et lors, Leslie Voltaire avait déclaré que des têtes allaient être coupées. À la suite de cette tension, le gouvernement Conille a été renvoyé.
Une CELAC sous haute tension
Le sommet de la CELAC de cette année réunit plusieurs poids lourds de la région :
- Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil),
- Andrés Manuel López Obrador (Mexique),
- Nicolás Maduro (Venezuela),
- Gustavo Petro (Colombie),
- Xiomara Castro (Honduras),
- Luis Arce (Bolivie),
- et des représentants de Cuba, de la République dominicaine, de l’Argentine, du Chili, entre autres.
Cette édition du sommet se tient dans un climat géopolitique particulièrement tendu, marqué par les repositionnements diplomatiques en Amérique latine, les pressions migratoires, et les défis communs comme la sécurité, le changement climatique, la souveraineté régionale et les nouvelles politiques Américaines du Président Donald Trump.
Quel est l’agenda au CELAC 2025 ?
Haïti, théâtre d’une diplomatie floue
La participation de Leslie Voltaire au sommet de la CELAC ne fait que renforcer le flou institutionnel qui paralyse actuellement la transition haïtienne.
À défaut d’un leadership unifié, la diplomatie haïtienne échoue jusque dans les détails les plus élémentaires. Aucun protocole clair n’entoure les déplacements officiels : Voltaire débarque au Honduras en pantalon jean et képi, dans une tenue qui relève plus du touriste que du représentant d’un État en crise. Ce manque de rigueur vestimentaire et protocolaire nuit à l’image du pays, et rappelle tristement l’apparition désinvolte de Fritz Jean en vidéoconférence sur le média dominicain Listín Diario, dans un décor informel loin du standard diplomatique attendu.
La question se pose avec urgence : qui est responsable du protocole d’État en Haïti ? Qui encadre l’image extérieure du Conseil présidentiel de transition ?
De plus, le retour de la délégation haïtienne pourrait bien marquer l’ouverture d’un nouveau front de tensions internes, notamment entre Fritz Alphonse Jean, président désigné du CPT, et Leslie Voltaire, qui semble s’être octroyé ce rôle sur la scène internationale. Faut-il s’attendre à une crise ouverte pour usurpation de titre ?
La situation actuelle fait planer le doute sur la capacité du CPT à parler d’une seule voix, et à offrir à la nation une transition crédible, tant sur le plan interne qu’international.
La rédaction