Port-au-Prince, 8 avril 2025 — En pleine Semaine Nationale de la Santé, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) annonce la suspension de ses activités pour au moins trois mois au centre d’urgence de Turgeau et à l’hôpital de traumatologie de Carrefour. Une décision douloureuse mais nécessaire, après l’attaque armée ciblée contre un convoi MSF le 15 mars et l’aggravation constante de l’insécurité.
« Nous devons évaluer si les conditions permettront un retour sécurisé de nos équipes », indique MSF.
Le jour de l’attaque, Turgeau avait déjà été évacué, après plusieurs jours de tirs croisés à proximité. Le convoi MSF a ensuite été délibérément visé, avec quinze impacts de balles relevés sur les véhicules.
Une célébration officielle déconnectée de la réalité
Ce retrait intervient alors même que les autorités haïtiennes, à l’hôtel Montana, lançaient la Semaine Nationale de la Santé autour du slogan « Sante m se avni m ». Le Conseiller-Président Louis Gérald Gilles y affirmait la volonté du gouvernement de renforcer l’accès aux soins, notamment pour les plus vulnérables.
Pourtant, sur le terrain, la réalité est tout autre : les structures médicales ferment les unes après les autres, souvent prises au piège des violences armées.
Hôpitaux publics fermés ou paralysés :
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Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) : fermé depuis février 2024. Une tentative de réouverture a tourné au drame.
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Hôpital La Paix (Delmas) : submergé, services réduits.
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Hôpital Bernard Mevs : services réduits.
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Sanatorium (Port-au-Prince) : fermé depuis février 2024.
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Centre de santé de Martissant : abandonné depuis 2022.
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Hôpital de Cité Soleil : inopérant par intermittence.
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Centres périphériques de Croix-des-Bouquets et Tabarre : accès irrégulier, menacés par la violence.
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Un système de santé en ruine
MSF, déjà contrainte de réduire ses activités à Martissant, Drouillard, Tabarre et Cité Soleil, représentait l’un des derniers recours médicaux pour les blessés, les femmes enceintes, les enfants.
Alors que l’État parle de priorités sanitaires, il est incapable d’assurer la protection du personnel médical, même humanitaire.
MSF renouvelle son appel à protéger les hôpitaux, les soignants et les patients.
A quoi bon célébrer la santé quand les soins sont devenus inaccessibles ?
La rédaction