Mirebalais, le 11 avril 2025. Les gangs armés affiliés à la coalition « Viv Ansanm » contrôlent désormais jusqu’à 80 % de la ville de Mirebalais, selon les déclarations du journaliste Zacharie Exil, PDG de Radio Zaho FM. Ce dernier affirme que les bandits continuent de piller les entreprises locales, acheminant leurs butins à Port-au-Prince, dans les bastions criminels connus.
Selon M. Exil, la présence policière se limite à quelques rares localités, tandis que le centre-ville de Mirebalais est pratiquement sous contrôle total des groupes armés.
Dans un communiqué publié cette semaine, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a pourtant annoncé avoir envoyé des renforts à Mirebalais, incluant des unités spécialisées et un « lot de matériels de combat » remis à la Direction Départementale de la Police du Centre (DDC), le 9 avril 2025. L’objectif : « lutter efficacement contre les gangs armés » et « instaurer un climat de paix et de sérénité », selon la PNH.
Mais sur le terrain, la réalité semble tout autre. « Nous n’avons constaté aucune opération majeure à Mirebalais jusqu’à ce vendredi après-midi », a déclaré Zacharie Exil, remettant en question l’efficacité du déploiement annoncé. Pendant ce temps, notre rédaction a appris que le commissariat de Saut d’Eau vient d’être entièrement détruit par les gangs.
Le communiqué de la PNH précise que des policiers ont été positionnés dans des zones stratégiques et que les opérations progressent vers les zones ciblées. Mais pour beaucoup, le doute s’installe.
L’attaque initiale survenue dans la nuit du 30 au 31 mars avait laissé la ville sans défense. Plus de 500 détenus avaient alors été libérés de la prison civile, sans réelle opposition. Plusieurs semaines après, la population s’interroge : pourquoi les autorités ont-elles tardé à réagir, malgré les multiples avertissements ?
Des témoignages font état de massacres : des policiers, des agents de soutien, des familles entières ont été tués. Même les religieuses de la communauté Sainte-Thérèse n’ont pas été épargnées. Dans une provocation glaçante, les chefs de gang Jeff Canaan et Lanmò San Jou ont été filmés, marchant librement dans les rues de Mirebalais, défiant les forces de l’ordre dans des vidéos virales circulant sur les réseaux sociaux.
Le Haut Commandement est-il, une fois de plus, en retard sur le terrain ? Et surtout, pendant combien de temps encore les habitants de Mirebalais, Saut d’Eau (Plateau Central), Port-au-Prince, Artibonite devront-ils attendre pour retrouver un semblant de sécurité et de vie normale ?
La rédaction