Le président dominicain Luis Abinader a annoncé la tenue prochaine d’une réunion stratégique avec les secteurs de la construction et de l’agriculture afin de renforcer l’application de la règle du 80-20. Cette disposition légale impose que 80 % des travailleurs soient dominicains et seulement 20 % étrangers. Le gouvernement vise, à travers cette mesure, à réduire la dépendance à la main-d’œuvre étrangère, notamment haïtienne, largement présente dans les chantiers et les exploitations agricoles. Pour accompagner cette transition, l’État envisage de financer la mécanisation et l’industrialisation de ces secteurs.
Cependant, cette annonce ne fait pas l’unanimité. L’ancien président Hipólito Mejía, influente figure du Parti Révolutionnaire Moderne (PRM), a exprimé des réserves quant à l’efficacité et la viabilité de cette politique. « Le champ dominicain et la construction ont besoin de travailleurs haïtiens », a-t-il déclaré, tout en appelant à une approche rationnelle de la gestion migratoire. Selon lui, la population dominicaine n’est pas prête à occuper ces postes exigeants et souvent dévalorisés. Son commentaire met en lumière une réalité connue : l’économie dominicaine dépend fortement de la main-d’œuvre haïtienne pour des tâches que beaucoup de Dominicains refusent de faire.
Les données confirment cette dépendance : près de 76,4 % des immigrants haïtiens en République dominicaine travaillent dans les secteurs de l’agriculture, du commerce et de la construction. Dans les zones agricoles, ils représentent jusqu’à 90 % de la main-d’œuvre. Par ailleurs, la Chine, partenaire économique majeur de la République dominicaine, a fait part de son inquiétude quant aux répercussions de cette politique sur les entreprises étrangères opérant sur le territoire dominicain, appelant au respect des accords bilatéraux et à la stabilité de l’environnement économique.
La rédaction