Le programme Humanitarian Parole, qui devait officiellement prendre fin le 24 avril 2025, a obtenu un sursis judiciaire inespéré. Une victoire significative, mais encore partielle, pour les bénéficiaires concernés.
Ce 14 avril, la juge fédérale Indira Talwani a ordonné la suspension de l’ordonnance de sortie du territoire qui visait plus de 500 000 ressortissants cubains, haïtiens, nicaraguayens et vénézuéliens. Ces derniers voyaient leur statut menacé par une décision d’annulation de leurs permis à compter du 24 avril.
« Le cœur du problème ici est que l’administration Trump, en réduisant la période de libération conditionnelle accordée à ces personnes, doit prendre une décision motivée », a déclaré la juge Talwani.
Elle a estimé que la décision de fin du programme était « fondée sur une interprétation incorrecte de la loi » avant d’ajouter :
« Il y avait un accord, et maintenant l’administration Trump cherche à le saper. »
Me Frandley Denis Julien : « Restez prudents »
Malgré cette annonce positive, Me Frandley Denis Julien, avocat spécialisé en droit migratoire aux États-Unis, appelle les bénéficiaires à rester vigilants.
« Cette suspension offre un soulagement, mais elle n’est pas définitive », souligne-t-il.
« La juge a laissé une porte ouverte à l’administration Trump, qui pourrait toujours ordonner des déportations pour toute personne impliquée dans une infraction, en conflit avec les autorités ou dans une situation jugée ambiguë. »
Il confirme toutefois que les bénéficiaires du programme Biden, tant qu’ils n’ont pas dépassé les deux ans de séjour, pourront continuer à vivre légalement aux États-Unis dans le cadre actuel.
Une décision issue d’une plainte collective
Cette suspension intervient suite à une plainte déposée par plusieurs groupes de défense des droits des migrants. Ces derniers accusent l’administration Trump d’avoir voulu mettre fin au programme de manière arbitraire, sans justification juridique sérieuse.
Certains parrains américains, résidents ou citoyens de longue date, ont même reçu des avis de déportation, illustrant la volonté de durcissement migratoire en cours.
La juge Talwani avait indiqué, dès jeudi dernier, vouloir consulter d’autres magistrats avant de statuer. Sa décision du 14 avril 2025 représente donc une victoire majeure, bien qu’encore temporaire.
En marge du dossier, Me Julien lance aussi un avertissement aux bénéficiaires d’autres programmes migratoires, notamment ceux engagés dans des demandes d’asile.
« Les dossiers mal préparés ou incohérents sont désormais rejetés très rapidement », a-t-il précisé.
Il ajoute que des agents migratoires sont déjà déployés dans les centres de traitement, prêts à procéder à des déportations immédiates dès la prise d’empreintes, si des irrégularités sont constatées.
Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, Me Julien critique vivement l’inaction des autorités haïtiennes.
« Il n’y a tout simplement pas de diplomatie en Haïti », affirme-t-il.
Face à l’urgence, des avocats haïtiens et des groupes de bonne volonté tentent d’établir des contacts dans les cercles proches de Donald Trump, pour plaider un moratoire ou une révision du dossier migratoire. Mais, souligne l’avocat :
« Trump est un homme d’affaires. Même s’il entend les plaidoyers, encore faut-il qu’Haïti ait quelque chose à offrir en retour. »
Une fois de plus, l’absence de stratégie diplomatique ferme plonge les Haïtiens dans l’incertitude et la vulnérabilité, même sur sol étranger.
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La rédaction