Et si tout cela était planifié ?
Dans une parfaite planification, les gangs de Grand Ravine, Savine pistache, ont décidé le dimanche 12 août de lancer les hostilités contre la population de Carrefour-feuilles. Des maisons sont brûlées, des familles entières sont assassinées selon les témoignages. Des viols sont commis. Des femmes et des enfants meurent sous la pluie des balles. Le corps d’un policier tué, Anescat Elixon, est emporté par les bandits.
Pourquoi les bandits se déchaînent-ils contre les habitants de leur propre quartier ? En 3 jours l’OIM a déjà comptabilisé 4972 individus et 1020 ménages déplacés. Les gens fuient leur maison, laissant tout derrière eux pour se réfugier sur des sites (églises ou écoles) ou chez des parents ou amis. Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) dans son dernier rapport parle de quinze (15) décès et de 10,000 personnes qui ont du fuir la zone.
Comme une punition pour avoir manifesté lundi dernier ou pour être arrivée trop près de la résidence officielle du PM à Musseau ; mardi et jeudi ont été les pires cauchemars pour la population de Carrefour-feuilles.
La police haïtienne, dénoncée dans ces alliances avec les gangs armés, n’a plus la confiance de la population. Cette dernière fait aujourd’hui appel aux forces armées, malgré leur manque d’effectifs ou de moyens.
Comme pour faire diversion, les bandits de Bel’air dirigés par le chef de gangs Kempès ont attaqué violemment la population de Solino. Les habitants ont dû fuir chez eux pour échapper à la mort.
Mais pourquoi toutes ces attaques synchronisées ? Au moment où nous écrivons, les bandits de Canaan, Bon Repos, de Vitelhomme et de l’Artibonite terrorisent plus que jamais la population.
Coïncidence ou pas. La violence des gangs remonte à chaque fois que le Conseil de sécurité des Nations-Unies doit délibérer sur Haïti.
Des violences relancées dans des foyers silencieux ou en mode trêve depuis que des acteurs de la société civile, membres pour la plupart de l’Accord de Montana, ont écrit à la Fédération Russe et l’Union Africaine pour dire Non à la force multinationale en Haïti, la situation actuelle étant le résultat de la déchéance de Ariel Henry, seul maître des vies et des biens.
Même les organisations internationales de droits humains dont Human Rights Watch dénoncent le PM Ariel Henry et certains membres de son gouvernement dans ses rapports avec les gangs armés. Le Premier Ministre Trudeau du Canada avait déjà tiré la sonnette d’alarme.
Le Protecteur du Citoyen, Me Renan Hédouville, de son côté, a dénoncé un “cauchemar réel programmé” qui viole systématiquement les droits fondamentaux des citoyennes et citoyens qui deviennent des nomades dans leur propre pays.
Pendant que le conseil de sécurité tarde à décider sur le sort d’Haïti. Les gangs reprennent du service, le kidnapping s’intensifie, la misère et l’insécurité s’accroissent
Le mouvman Bwakale (une forme de justice populaire) qui semblait donner une solution a été étouffée.
Suite à un reportage réalisé par Loop Haiti, Nathanaëlle Jeanty explique son calvaire avec désespoir.
“J’ai vécu à Martissant, d’où j’ai été chassée par les gangs de Grand-Ravine. J’ai dû abandonner tous mes biens pour trouver refuge chez des membres de ma famille à Carrefour-Feuilles. Malheureusement, le gang de “Gran Ravin” m’a une fois de plus forcée à partir. Solliciter l’intervention du gouvernement semble être une démarche vaine, car il montre peu d’intérêt pour notre sécurité”.
La Rédaction
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