Un article écrit par Felipe Cyprian, Journaliste, Listin Diario,
Santo Domingo, 18 octobre 2018. Si des troupes étrangères envahissent Haïti, le grand gagnant sera le Premier ministre de facto, Ariel Henry, et les mafias conspirant pour piller les ressources minières de ce pays pauvre.
Le 24 décembre 2022, j’ai publié une analyse dans le Listín Diario avertissant le pays « de ne pas s’attendre maintenant à une solution à la triste tragédie d’Haïti » parce que le gouvernement dominicain avait amplement démontré qu’il manquait de tact et de talent pour relever ce défi.
Le temps, implacable, confirme que mes déclarations étaient exactes puisque depuis dix mois, le gouvernement de Luis Abinader et son ministre des Conflits étrangers, Roberto Álvarez, n’ont fait que compliquer les relations avec Haïti.
La débâcle en Haïti
Après l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021, les mafias haïtiennes – qui l’ont tué en collaboration avec des puissances américaines et des hommes armés colombiens – ont pris le pouvoir.
Avec la mort de Moïse, des politiciens, des membres de gangs criminels, des « hommes d’affaires » et des gangsters politiques des États-Unis ont vu l’occasion d’accroître le chaos en Haïti et de chasser une partie importante de sa population en dehors du pays dont une grande partie en République Dominicaine.
Après cet exode forcé, la prochaine étape est de transformer le territoire haïtien en un paradis pour s’approprier les ressources naturelles dans une société dépourvue d’institutions solides : sans gouvernement légitime, sans parlement, sans presse libre, sans sécurité et sans organisations populaires.
Sans président légitime parce qu’il a été tué par les mafias haïtienne, colombienne et étasunienne qui ont ensuite commencé à contrôler le territoire haïtien, la situation est devenue un « no man’s land ».
Face à ce refus, les gangs, menés principalement par Jimmy Cherizier (Barbecue), bien mieux armés que la Police et avec plus d’hommes sous les armes, se lancent dans une campagne d’enlèvements et d’affrontements avec les forces de l’ordre.
En peu de temps, ils acculèrent la police, attaquèrent les prisons pour libérer les prisonniers puis les armer, contrôlèrent la voie publique, multiplièrent les enlèvements d’étrangers et les extorsions de magnats haïtiens, assiégèrent les entrepôts de carburant et se fixèrent pour objectif de renverser Henri et son Dôme.
Guerre contre les gangs
Avec la mort de Moïse, les bandes armées d’Haïti ont perdu une certaine protection et ont immédiatement appelé le gouvernement de facto du Premier ministre Ariel Henry à leur donner leur part du pouvoir. Henri a refusé.
Gangs contre la police Henry déclara alors la guerre aux gangs, mais ne disposant pas de policiers en nombre suffisant ou compétents, il sortit pour appeler à une agression armée contre son propre pays.
Il a demandé aux Nations Unies (ONU), devenues une sorte de film policier qui ne fait peur à personne, d’envoyer des troupes pour aider la police à affronter les gangs.
Si les troupes de « maintien de la paix » arrivent en Haïti, Henry serait le grand gagnant à deux reprises : il continue d’usurper un pouvoir qu’il n’a pas acquis par la volonté populaire et ses ennemis internes – les bandes armées – se battront contre les troupes étrangères.
Ce n’est pas une tâche facile
Armés depuis la Floride par une multiplicité d’intérêts, les gangs haïtiens accumulent suffisamment de pouvoir dans un labyrinthe de ruelles, de carrefours et de quartiers à travers le pays pour que la formidable puissance militaire des États-Unis, du Canada et de la France ne puisse même pas rêver d’envoyer des troupes de maintien de la paix.
Ils n’osent pas, ils ont peur et je les comprends parfaitement, car il y a des années j’étais en Haïti pour essayer d’aider les combattants à renverser la dictature d’Henry Namphy et j’ai découvert que pour ceux qui ne parlent pas créole, le labyrinthe territorial de Port-au -Prince est une petite chose en comparaison de l’impossibilité de communication verbale ou écrite.
Compte tenu de la folie que serait d’envoyer les troupes des SEAL-USA, l’élite pour traquer les terroristes ennemis et entraîner les terroristes amis des États-Unis, les puissances néocolonialistes excluent d’envoyer leurs hommes mourir à Delmas, Croix da Bouquets, Petit-Goâve, Jacmel, Jérémie, Les Cayes, Champs de Mars, Limbé, Jean Rabel, Les Gonaïves.
Ils recherchent ensuite des mercenaires d’État proposé par le Gouvernement Kenyan pour venir tuer des noirs comme eux.
La maladresse dominicaine
Voyant clairement que les magnats américains veulent le chaos total en Haïti pour pêcher de l’or, des ressources rares, des terres pour des plages et d’autres, le gouvernement d’Abinader et de Roberto Álvarez a utilisé leurs dernières ressources d’improvisation et d’entêtement pour créer un ennemi qu’il n’avait pas.
Mais les ennemis internationaux du peuple haïtien – de mèche avec les mafias politiques et économiques – disposent d’un cocktail de réfugiés fuyant l’insécurité pour la République dominicaine.
Au lieu d’éviter ce scénario, le gouvernement Abinader-PRM encourage son émergence.
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