Il fut un temps, chez nous, un « moun serye » était respecté, vénéré, recherché. Ainsi, nos parents, mis à part notre réussite intellectuelle et financière, recevaient avec la plus grande fierté un compliment mettant en valeur notre sens de l’honnêteté.
C’était le temps où les haïtiens chérissaient une société avec un « ti moral ». Une société avec un « Devan pòt » et un « Dèyè kay ».
Mais, « Devan Pòt Tounen Dèyè Kay ». L’inacceptable devient acceptable et l’impossible possible. Cela devient la norme dans notre société.
Alors, dans ce contexte, on devrait ajouter le mensonge dans la liste des vertus morales. Et pourquoi pas? Simple observation.
Nous n’avons pas besoin de l’avis de nos grands directeurs d’opinions – À souligner que leurs paroles ont plus de poids que celles d’un Scientifique – pour confirmer, aujourd’hui, chez nous, ceux qui « mènent » sont : les Koken, Manipulateurs, Blofè, Entèlijan, des Maîtres d’âme, Magouilleurs, Sans gène, Gwo gagann, Demagòg, des Ou-pa-konn-ki-moun –mwen-ye etc.
Ils ont tous comme dénominateur commun : le mensonge/des menteurs. Ce n’est plus le temps de « yon ti moral ».
Celui ou celle qui manœuvre le mensonge avec dextérité a un avantage compétitif sur celui ou celle qui utilise l’honnêteté. Quelle aberration !
Mais il faut être pratique, réaliste. Aujourd’hui, dans notre société, les gens sérieux sont des gens « Kab Bay Piyay.
On les sanctionne : Ils ou elles sont des imbéciles, des sak-te-gen-tan-gen-la, des gens -kap-kraze-biznis-la. Consciemment ou inconsciemment, on a tendance à valoriser les menteurs.
Avec preuve à l’appui, ils ont pu, par le miracle du mensonge, réaliser, en Haïti, leur American Dream (Maisons, Voitures, Pouvoir, Voyages, Haute société, Richesse etc.) Bravo, Ils ont réussi ! Sans conteste, le mensonge ouvre plus de portes que l’honnêteté.
Alors, comment nos enfants peuvent réussir dans cette société de menteurs, si de très tôt, on ne leur inculque pas les rudiments du mensonge comme la ruse, l’hypocrisie, la langue de bois, San karaktè, Fè-wont-sèvi-kolè, Gwo-lestomak, Koutba, Pale-fransè-kon-blan, la fausse modestie etc.
Soyons sérieux. Il faut être pratique et réaliste. Nous devons assurer le succès de nos enfants. Et puis, Dieu comprendra. Ce n’est pas nous, c’est le système.
Alors, commençons par pétitionner le ministère de l’éducation nationale pour insérer dans le « Liv Inik » un chapitre sur l’importance du mensonge comme élément de développement personnel des citoyens haïtiens.
Et si on écrit un ouvrage ayant pour titre : Pourquoi Haïti a choisi de devenir un pays de menteurs/koken?
Et si nos scientifiques haïtiens se réunissent à Decameron pour élaborer une théorie montrant et démontrant les avantages du mensonge comme moyens pour sortir Haïti du sous-développement. Prix Nobel, yes !
Et si nos députés et sénateurs votent une loi pour légaliser le mensonge. Finalement, la vérité triomphera. Franchement ça sert à quoi d’éduquer des enfants honnêtes. Pour quel futur ? Pour quelle société ?
Série Rencontre avec l’absurde
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