« Les meurtres, blessures et kidnappings sont l’apanage quotidien de la population. La violence sexuelle envers les femmes et les filles demeure endémique et aucune avancée concernant l’accès aux services et à la justice pour les survivantes n’a été enregistrée depuis ma dernière visite », a dit M. O’Neill lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince.
Il s’est dit particulièrement préoccupé par l’impact de l’insécurité et de la violence sur les enfants.
« Les témoignages reçus sont édifiants. C’est une génération entière qui semble sacrifiée par la violence et l’avenir d’un pays qui est menacé par la situation dramatique de sa jeunesse. J’exhorte les autorités à accorder une attention prioritaire à la situation des enfants », a-t-il dit, notant que « beaucoup ont subi – et continuent de subir – de graves violences et violations de leurs droits ».
« Ils sont aussi victimes de la situation humanitaire catastrophique avec un accès à la santé, à l’eau, à l’alimentation et à l’éducation sévèrement entravés. C’est particulièrement le cas dans les quartiers défavorisés sous contrôle des gangs et désertés par l’Etat », a-t-il ajouté, précisant qu’il a reçu de nombreux témoignages indiquant que beaucoup d’enfants souffrent d’émaciation, forme de malnutrition la plus mortelle. En outre, plus de 500.000 jeunes n’ont pas accès à l’éducation et de nombreux enfants de ces quartiers sont recrutés par les gangs, faute d’opportunités, ou par peur des représailles.
Un système judiciaire dysfonctionnel
L’expert onusien a observé que le système de justice haïtien « demeure dysfonctionnel et non adapté » pour protéger les enfants en danger ou pour juger les mineurs en conflit avec la loi.
Lors de sa visite, il s’est rendu dans la prison pour mineurs de Port-au-Prince, le Cermicol, et a fait le « constat alarmant » de la surpopulation carcérale, avec un taux d’occupation dépassant les 350%, mais aussi de l’insalubrité et du manque d’accès à l’eau potable exposant les enfants aux maladies.
99% des mineurs détenus dans la prison n’ont pas été condamnés, la plupart sont en situation de détention préventive prolongée. Ils sont incarcérés depuis des années pour vol d’une poule, de chaussures ou de téléphone, sans avoir vu un juge.
William O’Neill s’est dit néanmoins encouragé par la mise en place d’une Commission intergouvernementale pour permettre de désengorger les prisons.
Mission multinationale de soutien à la sécurité
L’expert s’est également dit préoccupé par la situation des déplacés internes, qui sont au moins 200.000, beaucoup se trouvant dans des « conditions de vie inhumaines », sans accès aux services de base, survivant dans des camps de fortune.
Il a reçu « des témoignages effroyables d’enfants et de personnes âgées qui dorment à même le sol, près de monticules de déchets et sans accès à l’eau potable » et a entendu « des témoignages de femmes et de filles qui sont victimes de viols à répétition, sans accès aux soins ». Selon lui, l’Etat doit prendre ses responsabilités pour prévenir les violations et les abus des droits humains mais aussi pour protéger sa population, en particulier les populations les plus vulnérables.
Onu infos