Les Nations Unies et les pays membres du Core groupe notamment les Etats-Unis, la France et le Canada ont toujours exigé la tenue des élections et le renouvellement à temps de la machine électorale, seul garant de la Démocratie et de la Stabilité. Les Etats-Unis, depuis l’Administration Moïse-Céant en 2018, avait insisté sur la mise en branle du processus, mais le président Jovenel Moïse n’était pas encore motivé et avait préféré mettre sur la table le dossier portant sur une nouvelle constitution, également important pour la Communauté.
Après l’assassinat du président Moïse le 7 juillet 2021, Ariel Henry, choisi par le Président Moise, est titularisé Premier Ministre par un tweet du Core Groupe, avec pour principale mission d’organiser les élections et de créer le climat politique sécuritaire à cette fin.
Ariel Henry connaissait les instructions.
L’une des exigences qui auraient dû être respectées par ce dernier, en dehors de ce dialogue sans fin avec les protagonistes, était la mise en branle du processus électoral. C’est pourquoi malgré ses failles et les dangers évidents, l’accord du 21 décembre 2022 a reçu l’appui et l’approbation de la Communauté internationale. La CARICOM a été dépêchée pour conduire et garantir le dialogue entre les parties haïtiennes dans l’objectif d’arriver aux élections. Mais Ariel ayant déjà roulé tout ce monde dans la farine comme dit l’expression, la confiance n’était pas au rendez-vous.
Lorsqu’on a demandé ce mercredi à l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield , si les États-Unis avaient demandé à Ariel Henry de démissionner, elle a répondu : « Ce que nous avons demandé (à Henry) de faire, c’est d’avancer dans un processus politique qui conduira à la mise en place d’un conseil présidentiel de transition qui conduira à des élections. » a rapporté CNN.
Les États-Unis ne font pas activement “appel à lui ou ne poussent pas à sa démission”, a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État. Mais “nous l’exhortons à accélérer la transition vers une structure de gouvernance autonome et inclusive”; selon un article du New York Times. C’est la CARICOM qui pousse Henry à démissionner, et que les États-Unis « n’ont aucun autre partenaire haïtien qui pourrait servir d’alternative à M. Henry », selon un officiel répondant aux questions du Times. Des langages diplomatiques qui prouvent que Ariel Henry a été lâché.
A la fin de la journée, pensant avoir la maîtrise de son jeu politique, le contrôle de la vanne de l’insécurité et l’appui incontestable de la communauté internationale, Ariel Henry a été pris à son propre jeu. Son discours du 7 février 2024, filmé à l’Ambassade Américaine en Haïti, selon une source proche du journal, était pour lui une preuve qu’il est bien protégé et sa prolongation garantie.
“Il n’y aura pas d’élections sans sécurité”. Une phrase devenue une rengaine au niveau des Nations Unies.
Aujourd’hui la sortie de “Barbecue”, de “Viv Ansanm”, libérant illégalement plus de 3800 prisonniers prouve clairement que la sécurité n’est pas pour demain en Haïti. Donc pas d’élections possibles. Donc Ariel Henry n’a plus sa place à la tête du pays. Le doute n’ayant plus sa place concernant la capacité réelle de Ariel Henry voire sur son implication effective dans l’insécurité !
Ariel Henry a échoué devant la communauté internationale et a jeté le discrédit sur les pays comme les Etats-Unis, le Canada et la France qui avaient pris le leadership du dossier Haïti et l’ont supporté malgré son incompétence et son incapacité de donner des résultats. Une situation qui met ces pays inconfortables devant la Chine et la Russie au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Ariel Henry devait donc se concentrer sur la mission multinationale et aussi collecter les fonds du pays pour renforcer la Police nationale d’Haïti. En pleine démarche pour trouver les fonds nécessaires exigés par le Kenya, les Nations Unies et les américains, il a été donné aux haïtiens eux-mêmes d’apprendre dans les médias que Ariel Henry a payé la dette d’Haïti au Venezuela pour 500 millions de dollars américains. Or, un budget de 250 millions de dollars par an été suggéré pour la mission. Haïti avait donc les fonds pour financer elle-même deux ans de mission.
Tout comme Jovenel Moïse qui avait provoqué le courroux des américains en allant à la Turquie, on se demande si ce n’est pas aussi le cas pour Ariel en payant cette dette de Petrocaribe, dans cette conjoncture, au Vénézuela. Le président Maduro est lui-même sous les sanctions des Etats-Unis et dans la ligne de mire des Nations unies. Rappelons que Maduro a expulsé le personnel de l’ONU chargé des droits humains le 15 février dernier.
En attendant une démission formelle, car depuis le 7 février 2024, le mandat de Ariel Henry est caduc, le chaos et la peur s’installent et s’intensifient à Port-au-Prince.
Pour l’instant, Ariel est bloqué à Porto Rico. Le secrétaire d’État portoricain a reconnu que la situation est « atypique », car il ne s’agit pas d’une visite officielle de M. Henry sur l’île, et son arrivée n’est pas due à une urgence aérienne.
Le Core groupe sera t-il obligé de faire un autre tweet pour constater l’absence de Ariel Henry, en vacances depuis bientôt une semaine.
Il n’est que d’attendre.
La rédaction