Pour certains de nos hommes haïtiens et pour une trop grande majorité, l’acte sexuel est l’expression d’un vrai rapport de force. Un champ de bataille où prouesses et endurances font la compétition. N’avez-vous jamais entendu comment les hommes racontent entre eux, avec orgueil et fierté, leur performance au lit ?
Pour certains de nos hommes haïtiens, l’acte sexuel n’est pas un acte affectif. Pas question de chérir sa compagne, de l’inonder de caresses, la traiter avec douceur, lui murmurer des mots tendres. Ce n’est pas une partie de plaisir partagé. Ce n’est pas non plus un acte amoureux où « nou sot pase yon bon ti moman ansanm ». Un acte romantique où nos corps s’entremêlent et dégagent l’odeur d’une rose unique.
Au lieu de se soucier du plaisir de l’autre, l’homme est bien plus concentré à prouver sa supériorité et à penser à la qualité de son endurance. S’il ne jouit pas pour son propre compte, il fait durer le plaisir non pas pour plaire à l’autre mais pour punir et s’enorgueillir après.
Se gason mwen ye ! (je suis l’homme). Il a été éduqué ainsi et quelles que soient les circonstances, il ne doit jamais rater l’opportunité de se prouver même inconsciemment. Faire l’amour devient une compétition où l’homme doit gagner. « Gason an pa ka fè bèk atè ».
C’est pourquoi les expressions que les hommes utilisent après l’acte sexuel décrivent leur ultime intention qui est de « la plumer » (plimenl), « la couper » (koupel), lui faire rendre son fiel (rann fyèl), la triturer (dechalbore), la démonter (demontel), la saccager (sakajel), lui faire monter « le ciel par dos » (syèl pa do), etc. On dirait un bandit qui rapporte comment il vient de faire souffrir sa victime.
Mais, quand est ce que nos femmes auront la chance de jouir des rapports sexuels romantiques où le plaisir, l’amour, l’improvisation font jazzer leurs corps et leurs âmes. Si nos hommes vantent leur érection kitanago, nos femmes, par contre, réclament le droit de jouer, de jouir et d’atteindre un paroxysme personnel : tantôt elle est dominée, tantôt elle domine. Elle s’amuse, elle touche et s’autorise des droits sur le corps de son partenaire.
Alors le sexe devient un jeu où un espace d’épanouissement romantique et spirituel.
Les femmes ont droit à des rapports sexuels de qualité.