INSERTION DEMANDEE
L’heure est grave. Notre nation est confrontée à une série de crimes odieux semant le deuil et le désespoir parmi ses fils et filles.
Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce chaos total. Une telle attitude confinerait à un suicide collectif. La crise profonde et multiforme que traverse notre pays doit transcender les clivages politiques et les intérêts individuels. Elle exige une réévaluation fondamentale de notre manière de penser la politique et d’agir comme citoyens.
La fermeture prolongée des ports et aéroports risque de provoquer une crise alimentaire plus sévère qui causera, entre autre, la mort de beaucoup de nos enfants.
Dans les 72 heures qui suivent, nous devons, ensemble, prendre une décision pour le salut de notre patrie en danger.
Nous lançons un appel solennel à tous les Patriotes de l’intérieur et de la diaspora, aux groupes politiques de toutes tendances, aux militants politiques, aux groupes socioprofessionnels, à la Société Civile organisée, au secteur des affaires, aux groupes religieux, aux associations de droits humains, aux organisations syndicales et paysannes, aux organisations de jeunes et de femmes, etc… pour qu’ils se rejoignent afin de relever le défi actuel et bâtir un avenir meilleur pour nous-mêmes et pour les générations à venir.
Nous devons arrêter immédiatement les actes de brigandages et les tueries de toute sorte. Nous avons l’obligation de défendre nos valeurs et protéger notre société. L’heure est grave !
Les défis actuels ne peuvent être résolus par des solutions superficielles ni du saupoudrage. Nous sommes confrontés à une crise multiforme et pluridimensionnelle. Elle s’attaque à nos systèmes économiques, à nos valeurs fondamentales, en passant par notre santé publique et notre environnement naturel. Profonde, cette crise met en lumière les fissures et les failles de nos Institutions Républicaines, politiques et sociales.
La gravité de la situation en appelle à des mesures urgentes dans une approche qui prenne en compte les soubassements de notre existence collective et qui place la justice sociale, l’équité et la durabilité au cœur de nos décisions politiques.
Cela nécessitera un abandon des idées et des modèles surannés et une transformation profonde de nos institutions qui désormais devraient placer les besoins et les aspirations de l’ensemble de la population au centre de ses préoccupations. Il faut donc agir maintenant et ensemble !
Dans les 72 heures qui suivent, il faut :
1. Constituer un groupe de citoyens appelé à prendre les rênes du pouvoir politique et disposé à favoriser une gouvernance participative et inclusive;
2. mobiliser toutes les forces vives de la société, notamment les acteurs politiques, les citoyens et citoyennes engagés, les représentants de la société civile et les institutions démocratiques, afin qu’elles élaborent des solutions consensuelles et durables pour juguler la crise conjoncturelle et systemique dans le pays;
3. Créer un groupe de réflexion institutionnalisé pour rétablir le dialogue intersectoriel, départemental et international, ce qui implique des médiations et des actions concertées pour restaurer la confiance et ainsi promouvoir la stabilité politique ;
4. Établir une commission de dialogue continu, de pacification et d’apaisement ;
5. Procéder au renforcement de toutes les institutions clés de l’État afin de répondre aux exigences du moment, notamment l’organisation dans un délai ne dépassant pas 24 mois, d’élections libres, démocratiques et inclusives.
La crise à laquelle nous faisons face aujourd’hui est sans précédent dans son ampleur et dans sa complexité. Toutefois, elle doit être une opportunité, de repenser notre façon de vivre ensemble, de reconstruire notre société sur des bases plus justes, plus équitables et plus durables.
C’est une responsabilité qui est nôtre sans préjudice du support des nations sœurs. Le moment est venu d’agir de manière décisive et déterminée, pour façonner un avenir meilleur pour tous, sans exception.
L’heure est grave, Il faut donc agir maintenant et ensemble !
Port-au-Prince, le 9 mars 2024
Me Camille Leblanc, avocat
Ancien Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
République d’Haïti