Rubrique sur la Parentalité par Patrick G. Volcy – Saison 2 – Part 28
Je pense avoir touché antérieurement un aspect de la question, serait-ce que je sois passé dessus à pied joint, mais il me semble tout indiqué d’approfondir le sujet un peu plus. Sans vouloir leur faire un procès d’intention ou les loger tous à la même enseigne, les parents Haïtiens sont notoires pour la zombification des enfants, en ce sens que ces derniers ne sont pas tenus de regarder les adultes dans les yeux et soutenir leurs regards ; et pire, qu’ils ne peuvent pas faire valoir une opinion contraire à celle des parents. Sinon c’est la pagaille ! Je crois qu’il est temps d’aborder ces tares et les corriger.
Un enfant se doit de respecter ses parents ; nous le savons tous et le débat n’est pas là. Le respect ne se résume pas à l’acceptation de tous les faits et gestes de l’autre, encore moins approuver tout ce que dit le parent. C’est vrai que les parents sont dotés d’un certain flaire pour entrevoir ce qui s’avèrerait meilleur pour l’enfant, il n’en demeure pas moins vrai que chaque individu doit avoir la possibilité de choisir et de réfuter ce qui ne lui convient pas. Je ne vais pas dire que les parents doivent permettre aux enfants de dire non à tout, mais il faut bien faire une différence entre ce qu’il faut combattre et ce qu’il vaudra mieux laisser passer. L’enfant n’a pas faim, il dit non à la nourriture, il est grondé et forcé de manger.
L’enfant rejette une activité extra-scolaire parce qu’il ne s’y sent pas à son aise, il est réprimandé. L’enfant ne veut pas socialiser, on le force à se rendre à ses animations qui le laissent tout à fait indifférent. Je parie que chacun de mes amis lecteurs pourrait allonger cette petite liste avec une expérience vécue, soit en tant que parent, soit en tant qu’enfant ; ces histoires sont bien connues chez nous. A titre personnel, je n’ai jamais pu manger tôt le matin. Chaque jour, quand j’étais petit, mon drame était d’avaler le petit déjeuner que mon estomac n’acceptait pas. A la fin, mon secret était de remplir ma bouche et d’aller tout jeter après dans les toilettes. Jusqu’à présent, je ne peux rien manger le matin, je suis comme ça et mon système fonctionne bien ainsi, une bonne tasse de café chaud me suffit. En réalité, si l’enfant dit non à quelque chose, il faut chercher à comprendre pourquoi et lui demander de s’expliquer avant de commencer à dramatiser. Lorsqu’un enfant dit non, c’est avant toute invitation à une conversation. Il en est de même pour les adultes, lorsqu’on dit non, c’est qu’on n’est pas d’accord avec quelque chose. On peut en parler, mais il n’est pas sage de brutaliser qui que ce soit par ce qu’on ne partage pas son avis ou quoi que ce soit.
Une autre raison pour laquelle nous devons enseigner aux enfants à dire non, c’est pour qu’ils apprennent également à accepter leurs limites. Chacun présente des bornes à un niveau ou à un autre et c’est bien normal. Ce qui n’est pas correct c’est de toujours s’efforcer à dire oui, même quand on ne peut pas, soit par peur, soit par honte, soit pour ne pas blesser un solliciteur. En réalité, un proche ou quelqu’un qui aime n’abandonnera jamais l’autre pour ses limites, par ce qu’il dit non à une faveur, par ce qu’il n’a pas les moyens de satisfaire les besoins ou les attentes de quelqu’un d’autre. Trop souvent les adultes s’enlisent dans des situations fâcheuses tout simplement parce qu’ils ne savent pas dire non.
Il est plutôt facile de dire ce que l’on veut. Il est cependant moins évident de soutenir ce qu’on ne veut pas. Savoir dire non à ce qu’on ne veut pas, ou qu’on ne peut pas, constitue un acte de liberté que les parents doivent s’efforcer de garantir aux enfants. Celui qui ne sait pas dire non dès son plus jeune âge sera le même demain qui se sentira toujours contraint de dire oui malgré lui, ou de suivre les tendances, même celles qu’il ne devrait pas. La liberté est un apprentissage qui prend racine chez soi, au sein des familles.
A sortir prochainement : Le protocole
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Patrick G. Volcy