Sanctionné en 2022 par le gouvernement de Justin Trudeau, l’homme d’affaires Reynold Deed, a été sollicité par le Canada pour que sa propriété soit utilisée pour l’évacuation de ses ressortissants d’Haïti. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré que les sanctions avaient été imposées en 2022 « en réponse au comportement flagrant des élites haïtiennes qui fournissent un soutien financier et opérationnel illicite aux gangs armés ».
Le gouvernement canadien a accusé Reynold Deeb, Gilbert Bigio et Sherif Abdallah de financer « des gangs criminels armés, notamment par le biais du blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption ».
Reynold Deeb a déposé une requête auprès de la Cour fédérale du Canada en novembre pour obliger le ministre à prendre une décision sur sa demande d’être retiré de la liste des sanctions. L’ambassadeur du Canada en Haïti, a demandé à Reynold Deeb son aide le jour même où la ministre des Affaires étrangères a refusé de le retirer de la liste des sanctions, selon sa demande.
Dans une deuxième requête à la Cour fédérale déposée le mois dernier, il a soutenu que la ministre a rejeté sa demande de renvoi en mars sans divulguer ses raisons « de manière significative » a informé la Presse Canadienne.
Reynold Deeb soutient qu’il était « heureux d’accepter » de fournir de l’aide. Mais même si le gouvernement canadien s’est tourné vers lui « en temps de crise », il a refusé de lever les sanctions à son encontre, dit-il. Il ajoute que sa notoriété a été mise en évidence lorsque la GRC et l’ambassadeur du Canada lui ont demandé de leur permettre d’utiliser sa propriété pour des exercices de formation policière et des évacuations par hélicoptère de citoyens canadiens au début du mois dernier.
Dans sa dernière requête devant la Cour fédérale, alors qu’il demande à être retiré de la liste des sanctions, M. Deeb nie tout lien avec les gangs violents qui sévissent dans le pays et affirme qu’il est « profondément impliqué dans la philanthropie communautaire ». « La raison pour laquelle le gouvernement du Canada demandait simultanément à M. Deeb d’utiliser ses biens et maintenait des sanctions contre lui n’est pas claire », indique sa demande de contrôle judiciaire.
M. Deeb affirme que son inscription sur la liste des sanctions du Canada est « erronée » et que ceux qui se retrouvent sanctionnés subissent « de graves atteintes à leur réputation », tout en se voyant refuser des services financiers et des opportunités d’emploi, et se voient imposer des restrictions de voyage.
Le document indique que la décision de la ministre était basée sur des informations « de source libre » sur ses activités présumées de corruption, d’évasion fiscale et de financement de gangs.
Dans une entrevue, ses avocats, John Boscariol et Geoff Hall, ont déclaré qu’il avait communiqué par courrier électronique avec des responsables de l’ambassade canadienne pour les remercier d’avoir utilisé sa propriété pour organiser des évacuations par hélicoptère et des exercices de formation de la GRC pour les policiers haïtiens.
Selon M. Hall, ces courriels « remarquables » montrent que les responsables de l’ambassade canadienne et la GRC étaient reconnaissants envers Reynold Deeb pour avoir autorisé l’utilisation de sa propriété, « ce qui est en fait contraire au droit des sanctions pour les Canadiens qui utilisent les biens de ceux qui sont sanctionnés ».
Les deux avocats ont souligné que leur client se sentait injustement calomnié par son inscription sur la liste des sanctions du Canada et qu’il est « un allié du Canada ».
« Ce que le gouvernement semble avoir fait, c’est parcourir internet pour trouver les insinuations qui circulent, et c’est problématique », a déploré M. Hall.
« Ces décisions ne semblent pas avoir été mûrement réfléchies par le gouvernement canadien, qui n’a pas fait preuve de la diligence raisonnable ni fourni de preuves à l’appui de certaines des allégations qu’il formule. »
Affaires mondiales Canada n’a pas fourni la réponse demandée aux affirmations au sujet de M. Deeb dans les délais.