Un nouveau recours a été déposé le 16 mai 2024 devant la justice du Kenya pour s’opposer au déploiement de policiers kényans en Haïti. C’est encore le parti d’opposition Alliance troisième voix qui est à la manœuvre.
Le 26 janvier, la justice kényane avait jugé inconstitutionnel ce déploiement dans le cadre d’une force multinationale sous égide de l’ONU. Mais le président kényan, William Ruto, entend bien mener à bien cette mission.
“Espérons qu’ils ne monteront pas dans cet avion pour être tués à l’arrivée.
Pourquoi mon pays, le Kenya, devrait-il être utilisé pour recoloniser une autre nation noire ?
Nous devrions être solidaires d’Haïti pour nous opposer aux mondialistes et aux impérialistes.
Qu’est-ce qui ne va pas chez nous, les Noirs ?” a déclaré sur X l’avocat Ekuru Aukot qui mène ce dossier.
Dans sa plainte, un document de 120 pages, Alliance troisième voix estime que les policiers kényans peuvent être déployés à tout moment et au plus tard, le 23 mai, date de la visite de William Ruto à Washington. Pour Ekuru Aukot, président du parti, les autorités se rendent coupables d’outrage au tribunal : « Après le jugement du 26 janvier, l’ancien Premier ministre haïtien Ariel Henri est venu au Kenya pour signer un accord officiel. Le jugement est très clair : la demande d’une intervention kényane en Haïti doit être faite selon la Constitution kényane par un président démocratiquement élu. Ariel Henry n’a jamais été élu et sa nomination aurait dû être approuvée par le Parlement… Or, en ce moment, il n’y a pas de Parlement en Haïti. Donc, il s’est maintenu au pouvoir illégalement pendant trois ans. Le gouvernement kényan quant à lui ne respecte pas la loi, poursuit ce déploiement et tout cela est chorégraphié en raison de la visite de William Ruto aux États-Unis. »
Les autorités kényanes restent silencieuses sur une éventuelle date de déploiement. Cependant, des sources proches du média Kenya The Star ont confirmé que tout était prêt pour que les troupes kenyanes débarquent en Haïti.
La première équipe d’environ 200 personnes a été informée le week-end dernier qu’elle devait se tenir prête à partir avant que le président William Ruto ne se rende aux États-Unis pour une visite d’État.
Cela signifie que l’équipe pourrait quitter le Kenya pour Haïti entre le 18 et le 22 mai.
La Maison Blanche a confirmé que le Président Joe Biden et la Première Dame Jill Biden accueilleront Ruto et la Première Dame Rachael pour une visite d’État le 23 mai, à l’occasion du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les États-Unis et le Kenya.
Une équipe de hauts responsables kenyans de la sécurité est revenue de Washington DC où elle a finalisé les plans de déploiement.
Une source proche des services de police a confirmé à RFI que les premiers contingents ont été rappelés à leurs campements pour une formation en créole et français.
Selon l’ONG Global Initiative, les policiers choisis proviennent de la Force de déploiement rapide et du Groupe d’opérations spéciales. Ce dernier combat notamment les islamistes al-Shebab le long de la frontière avec la Somalie.
En février dernier, le groupe de pasteurs et le personnel de la première dame se sont rendus aux États-Unis pour rencontrer des dirigeants d’églises et d’entreprises, des fonctionnaires américains et haïtiens, ainsi que des représentants des forces de l’ordre et de l’armée. Ils ont également participé à une réunion Zoom avec le chef de la coalition des gangs, Jimmy “Barbeque” Chérizier, selon Serge Musasilwa, un membre de la délégation.
Les pasteurs voulaient savoir ce que les groupes de la société civile et les églises pensent des problèmes ; ils ont posé des questions sur les solutions ; ils ont cherché à savoir si les gangs étaient bien entraînés et ce qui les motivait.
En Haïti, le Conseil présidentielle de transition CPT a rencontré le jeudi 26 Mai la cheffe de la BINUH, Marie Isabel Salvador dans le cadre du déploiement. Le CPT et le secteur des Affaires avaient antérieurement écrit au président Ruto pour accélérer le processus. Des avions de l’armée américaine atterrissent régulièrement sur le tarmac de l’aéroport international Toussaint Louverture en vue d’organiser les installations de la mission dirigée par le Kenya.
Avec RFI, the Star Kenya et autres sources