Le 11 mars 2014, des entités de la classe politique, économique et sociale du pays ont décidé de doter Haïti d’une nouvelle « loi-mère internationale » dénommée “La Déclaration de Caricom”, via vidéo-conférence. Cette manœuvre a été réalisée de concert avec des pays de la Caricom et le Core group. Aujourd’hui, les acteurs politiques semblent en profiter pour exprimer leur volonté de violer d’autres textes de la législation haïtienne.
Le Premier ministre nommé Garry Conille souhaite lui-même réduire le nombre des ministères à 11 ou 13 contrairement au décret fixant le nombre des ministères à 18, publié dans le journal “Le Moniteur” du 16 juin 2020.
Si le CPT s’est dit, dans un premier moment, que la Constitution de 1987 est désuète et dépassée par rapport à la crise actuelle et que, conséquemment, elle peut être contournée; la vérité est que depuis bien avant l’assassinat de Jovenel Moïse et la non-réalisation des élections par ce dernier, Haïti est plongée dans un chaos juridique et l’absence des symboles démocratiques. Aujourd’hui, on s’attendait au moins à ce que la transition se concentre sur un agenda précis pour rétablir la sécurité et remettre le pays sur la voie de la relance démocratique.
Quel est donc l’agenda de la transition ? Quelle est l’urgence de réduire, de prime abord, le nombre des ministères.
Pourquoi dans la crise actuelle où les bandits font la loi, l’urgence est de réduire les ministères du Secteur Social et culturel pour la plupart.
Une initiative qui énonce même de l’incohérence voire de la démagogie politique.
Incohérence :
1) L’une des missions de ce gouvernement est de recoudre le tissu social. La suppression de ces ministères entraînera-t’il le renvoi de tous les employés et la fermeture totale de ces Institutions? ;
2) La suppression du salaire et des privilèges des ministres de cesdites institutions (s’il s’agit uniquement de la suppression du poste du Ministre) a-t-elle un impact réel sur l’économie du pays.
3) Aujourd’hui, d’un président, le pays est passé à neuf (9) présidents réunis en un Conseil présidentiel; est-on réellement en train de faire une économie de taille par la réduction de ces 7 ou 5 instances étatiques.
4) Où est le fameux discours du secteur des affaires portant sur le renforcement du tourisme et l’indépendance de l’économie nationale notamment depuis la fermeture de la frontière haïtiano-dominicaine par le président Luis Abinader.
Et dire que le PM Garry Conille avait exprimé de la compassion pour les femmes et les enfants dans son premier discours en ligne et la Communauté Internationale exhorte régulièrement les femmes et les jeunes à s’engager dans la gouvernance. Comment comprendre ce revirement et l’urgence de la réduction des ministères ; contrairement à la législation en vigueur. Une violation de loi qui n’est ni urgente ni utile.
Quelle est l’enveloppe allouée à ces ministères ?
Démagogie Politique ou naïveté administrative?
Tout le monde sait que la corruption et le gaspillage se font notamment au niveau :
– Des décaissements mensuels pour le service d’intelligence (les ministères de la Justice, de l’Intérieur, du Palais National et de la Primature) ;
– Du fonds d’urgence national ();
– Des programmes occultes d’assainissement, des projets bidons de l’Etat …. ;
– De la mauvaise gouvernance en général.
Le jumelage de certains ministères est-il compatible avec la situation globale ou tout doit être mis en œuvre pour éviter les conflits?
Le gouvernement actuel de la France compte 35 ministres et secrétaires d’Etat ;
Le gouvernement de Justin Trudeau du Canada a 39 Ministres ;
Jamaïque compte 13 Ministres pour une superficie de 10,991km2 et 2 808 570 habitants ;
Bahamas compte 22 Ministres pour une superficie de 13 962 km² et 399 421 habitants ;
La République dominicaine compte 24 Ministres. Les ministères les plus importants aujourd’hui pour ce pays étant les ministères des Affaires étrangères et du Tourisme.
Quels seront les ministères, les plus importants pour l’équipe de transition en Haïti ?
Les ministères non essentiels pour la transition, selon leur évaluation, sont ceux qui sont liés à la Culture, le Tourisme, les Jeunes, le Sport, les Femmes et la Diaspora selon nos sources.
Pendant toute la crise liée à l’insécurité, le pays a pu tenir et faire preuve de résilience grâce à la culture, les jeunes, le sport, les femmes et la diaspora. Le Drapeau Haïtien a pu flotter avec fierté sur la scène internationale à partir de nos exploits culturels et sportifs tandis que les bandits et les vendeurs d’armes et munitions des pays étrangers ont tout fait pour effacer du planisphère cette portion d’île où nous Haitiens ne pouvons être mieux servis.
Encore une fois, le peuple n’est pas sur la table de négociations. Chacun veille à son seul petit grain mais nous marchons tout droit, hélas, vers l’éclatement qui doit être évité à tout prix. La Concorde est notre seul choix et la voie du sauvetage pour tous.
La rédaction